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qu’il eût causé de très-grands maux en Pologne s’il l’y eût laissé[1]. De sorte que la pauvre Bietka en fut pour trois années de mariage avec un démon.

Le fait est raconté par un écrivain qui croit fermement à ce prodige, et qui s’étonne seulement de ce que ce démon était assez matériel pour faire tous les jours ses trois repas. Des critiques n’ont vu là qu’une suite de supercheries, à partir de la prétendue strangulation de l’homme qui fit ensuite le revenant.

Bifrons, démon qui paraît avec la figure d’un monstre. Lorsqu’il prend forme humaine, il rend l’homme savant en astrologie, et lui enseigne à connaître les influences des planètes ; il excelle

Illustration du Dictionnaire infernal par Louis Le Breton.
Illustration du Dictionnaire infernal par Louis Le Breton.


dans la géométrie ; il connaît les vertus des herbes, des pierres précieuses et des plantes ; il transporte les cadavres d’un lieu à un autre. On l’a vu aussi allumer des flambeaux sur les tombeaux des morts. Il a vingt-six légions à ses ordres.

Bifrost. L’Edda donne ce nom à un pont tricolore qui va de la terre aux deux, et qui n’est que l’arc-en-ciel, auquel les Scandinaves attribuaient la solidité. Ils disaient qu’il est ardent comme un brasier, sans quoi les démons l’escaladeraient tous les jours. Ce pont sera mis en pièces à la fin du monde, après que les mauvais génies sortis de l’enfer l’auront traversé à cheval. Voy. Surtur.

Bigoïs ou Bigotis, sorcière toscane qui, dit-on, avait rédigé un savant livre sur la connaissance des pronostics donnés par les éclairs et le tonnerre. Ce savant livre est perdu, et sans doute Bigoïs est la même que Bagoé.

Bigourne. Voy. Lycanthropie.

Bilis. Les Madécasses désignent sous ce nom certains démons qu’ils appellent aussi anges du septième ordre.

Billard (Pierre), né dans le Maine en 1653, mort en 1726, auteur plat d’un volume in-12 intitulé la Bête à sept têtes, qui a paru en 1693. Cet ouvrage lourd, dirigé contre les jésuites, est très-niais. Selon Pierre Billard, la bête à sept têtes prédite par l’Apocalypse était la société de Jésus. L’auteur mourut à Charenton.

Billis, sorciers redoutés en Afrique, où ils empêchent le riz de croître et de mûrir. Les nègres mélancoliques deviennent quelquefois sorciers ou billis ; le diable s’empare d’eux dans leurs accès de tristesse, et leur apprend alors, disent-ils, à faire des maléfices et à connaître les vertus des plantes magiques.

Binet (Benjamin), auteur du petit volume intitulé Traité des dieux et des démons du paganisme, avec des remarques critiques sur le système de Bekker. Delft, 1696, in-12.

Binet (Claude). On recherche de Claude Binet, avocat du seizième siècle, les Oracles des douze sibylles, extraits d’un livre antique, avec les figures des sibylles portraites au vif, par Jean Rabel, traduit du latin de Jean Dorat en vers français. Paris, 1586, in-folio.

Biragues (Flaminio de), auteur d’une facétie intitulée l’Enfer de la mère Cardine, traitant de l’horrible bataille qui fut aux enfers aux noces du portier Cerberus et de Cardine. In-8°, Paris, 1585 et 1597. C’est une satire qui ne tient que si on le veut bien à la démonographie. P. Didot l’a réimprimée à cent exemplaires en 1793. L’auteur était neveu du chancelier de France René de Biragues.

Birck (Humbert), bourgeois d’Oppenheim dontl’àme revint après sa mort, en 1620, et se manifesta, comme les esprits frappeurs, pour obtenir des messes, ce qu’on lui accorda ; après quoi il ne revint plus[2].

Biron. Le maréchal de Biron, que Henri IV fit décapiter pour trahison en 1602, croyait aux prédictions. Pendant le cours de son procès, il

Illustration du Dictionnaire infernal par Louis Le Breton.
Illustration du Dictionnaire infernal par Louis Le Breton.


demanda de quel pays était le bourreau. On lui répondit qu’il était Parisien. — Bon, dit-il. — Et il s’appelle Bourguignon. — Ah ! je suis perdu !

  1. Adrien Regenvolsius. Systema historico-chronologicum ecclesiarum sclavonicarnm. Utrecht, 4652, p. 95.
  2. Voyez son histoire dans les Légendes des esprits et démons.