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imprimer la traduction grecque et latine à la suite de l’Onéirocritique d’Artémidore ; Paris, 1603, in-4o.

Aconce (Jacques), curé apostat du diocèse de Trente, qui, poussé par la débauche, embrassa le protestantisme en 1557, et passa en Angles-terre. La reine Élisabeth lui fit une pension. Aussi il ne manqua pas de rappeler diva Elisabetha, en lui dédiant son livre Des stratagèmes de Satan[1]. Mais nous ne mentionnons ce livre ici qu’à cause de son titre ; ce n’est pas un ouvrage de démonomanie, c’est une vile et détestable diatribe contre le Catholicisme.

Adalbert, hérétique qui fit du bruit dans les Gaules au huitième siècle ; il est regardé par les uns comme un habile faiseur de miracles et par les autres comme un grand cabaliste. Il distribuait les rognures de ses ongles et de ses cheveux, disant que c’étaient de puissants préservatifs ; il contait qu’un ange, venu des extrémités du monde, lui avait apporté des reliques et des amulettes d’une sainteté prodigieuse. On dit même qu’il se consacra des autels à lui-même et qu’il se fit adorer. Il prétendait savoir l’avenir, lire dans la pensée et connaître la confession des pécheurs rien qu’en les regardant. Il montrait impudemment une lettre de Notre-Seigneur Jésus-Christ, disant qu’elle lui avait été apportée par saint Michel. Baluze, dans son appendice aux Capitulaires des rois francs, a publié cette lettre, dont voici le litre : — « Au nom de Dieu : Ici commence la lettre de Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui est tombée à Jérusalem, et qui a été trouvée par l’archange saint Michel, lue et copiée par la main : d’un prêtre nommé Jean, qui l’a envoyée à la ville de Jérémie à un autre prêtre, nommé Talasius ; et Talasius l’a envoyée en Arabie à un autre prêtre, nommé Léoban ; et Léoban l’a envoyée à la ville de Betsamie, où elle a été reçue par le prêtre Macarius, qui l’a renvoyée à la montagne du saint archange Michel ; et par le moyen d’un ange, la lettre est arrivée à la ville de Rome, au sépulcre de saint Pierre, où sont les clefs du royaume des deux ; et les douze prêtres qui sont à Rome ont fait des veilles de trois jours, avec des jeûnes et des prières, jour et nuit, » etc. El Adalbert enseignait à ses disciples une prière qui débutait ainsi :

« Seigneur, Dieu tout-puissant, père de Notre-Seigneur Jésus-Christ, Alpha et Oméga, qui êtes sur le trône souverain, sur les Chérubins et les Séraphins, sur l’ange Uriel, l’ange Raguel, l’ange Cabuel, l’ange Michel, sur l’ange Inias, l’ange Tabuas, l’ange Simiel et l’ange Sabaoth, je vous prie de m’accorder ce que je vais vous dire. »

C’était, comme on voit, très-ingénieux. Dans un fragment conservé des mémoires qu’il avait écrits sur sa vie, il raconte que sa mère, étant enceinte de lui, crut voir sortir de son côté droit un veau ; ce qui était, dit-il, le pronostic des grâces dont il fut comblé en naissant par le ministère d’un ange. On arrêta le cours des extravagances de cet insensé en l’enfermant dans une prison, où il mourut.

Adam, le premier homme. Sa chute devant les suggestions de Satan est un dogme de la religion chrétienne.

Les Orientaux font d’Adam un géant démesuré, haut d’une lieue ; ils en font aussi un magicien, un cabaliste ; les rabbins en font de plus un alchimiste et un écrivain. On a supposé un testament de lui ; et enfin les musulmans regrettent toujours dix traités merveilleux que Dieu lui avait dictés[2].

Adam (l’abbé). Il y eut un temps où l’on voyait le diable en toutes choses et partout, et peut-être n’avait-on pas tort. Mais il nous semble qu’on le voyait trop matériellement. Le bon et naïf Césaire d’Heisterbach a fait un livre d’histoires prodigieuses où le diable est la machine universelle ; il se montre sans cesse et sous diverses figurés palpables. C’était surtout à l’époque où l’on s’occupait en France de l’extinction des templiers. Alors un certain abbé Adam, qui

 
Adam (l’abbé)
Adam (l’abbé)
 
gouvernait l’abbaye des Vaux-de-Gernay, au diocèse de Paris, avait l’esprit tellement frappé de l’idée que le diable le guettait, qu’il croyait le reconnaître à chaque pas sous des formes que
  1. De stratagematibus Satanæ in religionis negotio, per superstitionem, errorem, hæresim, odium, calumniam, schisma, etc., lib. VIII. Bâle, 1565. Souvent réimprimé et traduit en plusieurs langues.
  2. Voyez les légendes d’Adam, des préadamites et des génies, dans les Légendes de l’Ancien Testament.