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creusa la terre ; on trouva un petit coffre de plomb, si bien clos et cimenté que l’air n’y pouvait pénétrer, et au fond du coffret se vit le livre où toutes les misères qui devaient arriver au royaume de Naples, au roi Ferdinand et à ses enfants, étaient décrites en formes de prophétie, lesquelles ont eu lieu ; car Ferdinand fut tué au premier conflit ; son fils Alphonse, à peine maître du trône, fut mis en déroute par ses ennemis, et mourut en exil. Ferdinand, le puîné, périt misérablement à la fleur de son âge, accablé de guerres, et Frédéric, petit-fils du défunt Ferdinand, vit brûler, saccager et ruiner son pays[1].

Catalepsie, semblance d’apoplexie, état d’où résulte, dit M. Lecouturier, « une insensibilité capable de faire supporter sans douleur l’opération chirurgicale la plus cruelle. La catalepsie est causée par l’obstruction des agents, nerveux. Il en naît une singulière combinaison de roideur et de souplesse dans les muscles, qui fait que les cataleptiques, complètement immobiles par eux-mêmes, se laissent aller à tous les mouvements réguliers qu’on leur imprime et restent fixés dans toutes les attitudes normales qu’on leur communique. On peut même leur faire prendre des attitudes pénibles dans lesquelles il serait impossible à l’homme le plus robuste de se maintenir. »

Cette maladie, qui explique quelques phénomènes de la sorcellerie, est provoquée ou spontanée. Voy. Hypnotisme et Sommeil magnétique.

Catalonos ou Babailanas, prêtresses des Indiens des îles Philippines. Elles lisent dans l’avenir et prédisent ce qui doit arriver. Quand elles ont annoncé le bien ou le mal à ceux qui les consultent, elles font le sacrifice d’un cochon, qu’elles tuent d’un coup de lance et qu’elles offrent en dansant aux mauvais génies et aux âmes des ancêtres, lesquelles, dans l’opinion des Indiens, fixent leurs demeures sous de grands arbres.

Catanancée, plante que les femmes de Thessalie employaient dans leurs philtres. On en trouve la description dans Dioscoride.

Cataramonachia, anathème que fulminent les popes grecs. Dans quelques îles de la Morée, on dit que cet anathème donne une fièvre lente dont on meurt en six semaines.

Catelan (Laurent), pharmacien de Montpellier au dix-septième siècle. Il a laissé une Histoire de la nature, chasse, vertus, propriétés et usages de la licorne, Montpellier, in-8o, 1624, et un rare et curieux discours de la plante appelée mandragore, Paris, in-12, 1639.

Cathares, hérétiques abominables qui devaient leur nom à un chat, Catto, dont ils baisaient le derrière dans leurs réunions secrètes, persuadés qu’ils étaient que Satan lui-même recevait ainsi leurs hommages sous cette forme. Ils immolaient des enfants et commettaient d’autres horreurs, qu’on peut lire dans la Mystique de Gorres, chap. ii et iii du livre V.

Catharin (Ambroise), dominicain de Florence, mort à Rome en 1553, auteur d’une réfutation de la doctrine et des prophéties de Savonarole[2], et d’un Traité de la mort et de la résurrection.

Catherine Voy. Revenants.

Catherine (Sainte). Voy. Incombustibles.

Catherine de Médicis, célèbre reine de France, singulièrement maltraitée dans l’histoire, où l’esprit de la réforme n’a pas ménagé les princes catholiques : née à Florence en 1519, morte en 1589. Elle avait foi à l’astrologie judiciaire et, s’il faut en croire les protestants, à la


magie ; ils l’accusaient même d’avoir porté sur l’estomac une peau de vélin, peut-être d’un enfant égorgé (voyez l’effet de ce peut-être en histoire), laquelle peau, semée de figures, de lettres et de caractères de différentes couleurs, devait la garantir de toute entreprise contre sa personne. Elle fit faire la colonne de l’hôtel de Soissons[3], dans le fut de laquelle il y avait un escalier avis pour monter à la sphère armillaire qui est au haut. Elle allait y consulter les astres avec ses astrologues.

Cette princesse, que l’on a fort noircie, eut beaucoup d’ennemis, surtout les huguenots, qui

  1. Histoires prodigieuses de Boistuaux, t. I.
  2. Discorso contra la dottrina e le profetie di Girolamo Savonarola, da Ambrosio Catarino polito. In-8o, Venise, 1548. Thomas Neri combattit cet ouvrage dans en livre intitulé Apologia di Tomaso Neri, in difesa della dottrina di Girolamo Savonarola. In-8o. Florence, 1564.
  3. Cette colonne existe encore à Paris, elle est adossée à la halle au blé.