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d’une façon détestable, et chargée de croix mêlées à des caractères diaboliques, par la vertu de laquelle elles se croyaient garanties de tous maux[1]. On l’appelait la chemise de nécessité. — Les habitants du Finistère conservent encore quelques idées superstitieuses sur les chemises des jeunes enfants. Ils croient que si elles enfoncent dans l’eau de certaines fontaines, l’enfant meurt dans l’année ; il vit longtemps, au contraire, si ce vêtement surnage.

Cheriour, ange terrible, chargé de punir le crime et de poursuivre les criminels, selon la doctrine des guèbres.

Chesnaye des Bois (François-Alexandre-Aubert de la), capucin, mort en 1784. On a de lui : l’Astrologue dans le puits, 1740, in-12 ; et Lettres critiques, avec des songes moraux, sur les songes philosophiques de l’auteur des Lettres juives (le marquis d’Argens), in-12, 1745.

Cheteb ou Chereb. Voy. Deber.


Cheval. Mahomet, voulant ennoblir ce bel animal, raconte que, quand Dieu se décida à créer le cheval, il appela le vent du midi et lui dit : « Je veux tirer de ton sein un nouvel être ; condense-toi en te dépouillant de ta fluidité. » Et il fut obéi. Alors il prit une poignée de cet élément, souffla dessus, et le cheval parut.

Le cheval était chez les anciens un instrument à présages pour la guerre. Les Suèves, qui habitaient la Germanie, nourrissaient à frais communs, dans des bois sacrés, des chevaux dont ils tiraient des augures. Le grand prêtre et le chef de la nation étaient les seuls qui pouvaient les toucher : ils les attachaient aux chariots sacrés et observaient avec attention leurs hennissements et leurs frémissements. Il n’y avait pas de présages auxquels les prêtres et les principaux de la nation ajoutassent plus de foi. On voit encore que chez certains peuples on se rendait les divinités favorables en précipitant des chevaux dans les fleuves. Quelquefois on se contentait de les laisser vivre en liberté dans les prairies voisines, après les avoir dévoués. Jules César, avant de passer le Rubicon, voua à ce fleuve un grand nombre de chevaux qu’il abandonna dans les pâturages des environs.

Une tradition superstitieuse portait qu’une espèce de chevaux, qu’on nommait arzels, et qui ont une marque blanche au pied de derrière du côté droit, était malheureuse et funeste dans les combats. — Anciennement on croyait aussi que les chevaux n’avaient pas de fiel ; mais c’est une erreur aujourd’hui presque

  1. Bodin, Démonomanie, liv. I, ch. ni.