Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal.pdf/171

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
CHA
CHE
— 163 —

suppléant au défaut du mâle[1]. Les sorciers se servent aussi de la cervelle des chats pour donner la mort ; car c’est un poison, selon Bodin et quelques autres[2].

Les matelots américains croient que si d’un navire on jette un chat vivant dans la mer, on ne manque jamais d’exciter une furieuse tempête. Voy. Blokula, Beurre des sorcières, Métamorphoses, Voltigeur hollandais, etc.

Château du diable. Plusieurs vieux manoirs portent ce nom dans des traditions et des contes populaires.

Chat-Huant. Voy. Chevesche, Chouette, Hibou.

Chatrab. C’est le nom que donnent les Arabes à l’être mystérieux que nous appelons loup-garou.

Chauche-Poulet. Voy. Cauchemar.

Chaudière. C’est ordinairement dans une chaudière de fer que, de temps immémorial, les sorcières composent leurs maléfices, qu’elles font bouillir sur un feu de verveine et d’autres plantes magiques.

Chaudron (Madeleine-Michelle), Genevoise, accusée d’être sorcière en 1652. On dit qu’ayant rencontré le diable en sortant de la ville réformée, elle lui rendit hommage, et que le diable lui imprima sur la lèvre supérieure son seing ou marque. Ce petit seing rend la peau insensible, comme l’affirment les démonographes. — Ledit diable ordonna à Michel le Chaudron d’ensorceler deux filles : elle obéit ; les parents l’accusèrent de magie ; les filles interrogées attestèrent qu’elles étaient possédées. On appela ceux qui passaient pour médecins ; ils cherchèrent sur Michelle Chaudron le sceau du diable, que le procès-verbal appelle les marques sataniques ; ils y enfoncèrent une aiguille. Michelle fit connaître par ses cris que les marques sataniques ne rendent point insensible. — Les juges protestants, ne voyant pas de preuve complète, lui firent donner la question. Cette malheureuse, cédant à la violence des tourments, confessa tout ce qu’on voulut. Elle fut brûlée, après avoir été pendue et étranglée ; chez les catholiques, on l’eût admise à pénitence’.

Chaudron du diable, gouffre qui se trouve au sommet du pic de Ténériffe. Les Espagnols ont donné le nom de Chaudron du diable à ce gouffre, à cause du bruit que l’on entend lorsqu’on y jette une pierre ; elle y retentit comme fait un vaisseau creux de cuivre contre lequel on frapperait avec un marteau d’une prodigieuse grosseur. Les naturels de l’île sont persuadés que c’est l’enfer, et que les âmes des méchants y font leur séjour[3].

Chauve-Souris. Les Caraïbes regardent les chauves-souris comme de bons anges qui veillent


à la sûreté des maisons durant la nuit ; les tuer, chez eux, est un sacrilège : chez nous, c’est un des animaux qui figurent au sabbat.

Chavigny (Jean-Aimé de), astrologue, disciple de Nostradamus., mourut en 1604. Il a composé : la Première face du Janus français, contenant les troubles de France depuis 1534 jusqu’en 1589 ; Fin de la maison valésienne, extraite et colligée des Centuries et commentaires de Michel Nostradamus (en latin et en français), Lyon, 1594, in-8o ; et nouvelle édition, augmentée, sous le titre de Commentaires sur les Centuries et pronostications de Nostradamus, Paris, in—8°, rare ; les Pléiades, divisées en sept livres, prises des anciennes prophéties, et conférées avec les oracles de Nostradamus, Lyon, 1603 ; la plus ample édition est de 1606. C’est un recueil de prédictions dans lesquelles l’auteur promet à Henri VI l’empire de l’univers. Voy. Nostradamus.

Chax ou Scox, démon. Voy. Scox.

Cheke, professeur de grec à Cambridge, mort en 1557. Il a écrit un livre[4] qu’il adressa au roi Henri VIII, et qu’il plaça à la tête de sa traduction latine du traité de Plutarque De la superstition. Il avait des connaissances en astrologie et croyait fermement à l’influence des astres, quoiqu’ils lui promissent du bonheur, tout juste à des époques où il devenait le plus malheureux.

Chemens, génies ou esprits que les Caraïbes supposent chargés de veiller sur les hommes. Ils leur offrent les premiers fruits et placent ces offrandes dans un coin de leur hutte, sur une table faite de nattes, où ils prétendent que les génies se rassemblent pour boire et manger ; ils en donnent pour preuve le mouvement des vases et le bruit qu’ils se persuadent que font ces divinités en soupant.

Chemim est chez les Caraïbes le grand esprit ou l’être suprême, comme on disait en 1793.

Chemise de nécessité. Les sorcières allemandes portaient autrefois une chemise faite

  1. Discours des sorciers, ch. xiv, p. 81.
  2. Bodin, Démonomanîe des sorciers, liv. III, ch. ii, p. 326.
  3. La Harpe. Abrégé de l’histoire générale des voyages, t. I.
  4. De super stitione, ad regem Henricum.