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COS
COU
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vulgaire croyait encore que la terre était carrée.

Cosquinomancie ou Coscinomancie, sorte de divination qui se pratique au moyen d’un crible, d’un sas, ou d’un tamis. On met un crible sur des tenailles, qu’on prend avec deux doigts ; ensuite on nomme les personnes soupçonnées de larcin ou de quelque crime secret, et on juge coupable celle au nom de qui le crible tourne ou tremble, comme si celui qui tient les tenailles ne pouvait pas remuer le crible à sa volonté !

Au lieu du crible, on met aussi (car ces divinations se pratiquent encore) un tamis sur un pivot, pour connaître l’auteur d’un vol ; on nomme de même les personnes soupçonnées, et le tamis tourne au nom du voleur. C’est ce qu’on appelle dans les campagnes tourner le sas. Cette superstition est surtout très-répandue dans la Bretagne[1]. Voy. Crible.

Cossen, rocher du Fichtelberg, que les Allemands disent être le sommet du haut duquel le diable montra à Notre-Seigneur tous les royaumes de la terre.

Côte. Dieu prit une côte d’Adam pour en faire notre mère Ève. Mais il ne faut pas croire pour cela, comme fait le vulgaire, que dans les descendants d’Adam les hommes ont une côte de moins que les femmes.

Cou. On regardait chez les anciens comme un augure favorable une palpitation dans la partie gauche du cou, et comme funeste celle qui avait lieu dans la partie droite.

Couberen, idole de l’Inde, qui donne les richesses.

Couches. On prétendait en certains pays faire accoucher aisément les femmes en liant leur ceinture à la cloche de l’église, et en sonnant trois coups. Ailleurs, la femme en couches mettait la culotte de son mari. Voy. Aétite.

Coucou. On croit en Bretagne qu’en comptant le chant du coucou, on y trouve l’annonce de l’année précise où l’on doit se marier[2]. S’il chante trois fois, on se mariera dans trois ans, etc.

On croit aussi, dans la plupart des provinces, que si on a de l’argent avec soi la première fois qu’on entend le chant du coucou, on en aura toute l’année. — Le coucou de Balkis, probablement la reine de Saba, est un des dix animaux que Mahomet place dans son paradis.

Coucoulampons, anges du deuxième ordre, qui, quoique matériels, selon les habitants de Madagascar, sont invisibles et ne se découvrent qu’à ceux qu’ils honorent d’une protection spéciale. Il y en a des deux sexes ; ils contractent mariage entre eux et sont sujets à la mort ; mais leur vie est bien plus longue que celle des hommes, et leur santé n’est jamais troublée par les maladies. Leur corps est à l’épreuve du poison et de tous les accidents.

Coudaïs, dieux des Tartares de l’Altaï en Sibérie. Ils sont au nombre de sept, tous géants de forme humaine, assez peu puissants et assez peu honorés.

Coudrier. Les branches de cet arbre ont servi à quelques divinations. Voy. Baguette divinatoire.

Couleurs. Pline le naturaliste nous apprend que les anciens tiraient des augures et des présages de la couleur des rayons du soleil, de la lune, des planètes, de l’air, etc. Le noir est le signe du deuil, dit Babelais, parce que c’est la couleur des ténèbres, qui sont tristes, et l’opposé du blanc, qui est la couleur de la lumière et de la joie.

Coumbhacarna, géant de la mythologie indienne, qui était si vorace qu’on craignait qu’il ne dévorât la terre. Il fut tué par Bama.

Coupe (divination par la), très-usitée en Égypte dès le temps de Joseph, employée encore aujourd’hui. Voy. Hydromancie.

Coups. En 1582, dit Pierre Delancre[3], il arriva qu’à Constantinople, à Rome et à Paris, certains démons et mauvais esprits frappaient des coups aux portes des maisons ; c’était un indice de la mort d’autant de personnes qu’il y avait de coups.

Cour infernale. Wierus et d’autres démonomanes, versés dans l’intime connaissance des enfers, ont découvert qu’il y avait là des princes, des nobles, des officiers, etc. Ils ont même compté le nombre des démons, et distingué leurs emplois, leurs dignités et leur puissance. Suivant ce qu’ils ont écrit, Satan n’est plus trop le souverain de l’enfer ; Belzébuth règne à sa place. Voici l’état actuel du gouvernement infernal :

Princes et grands dignitaires. Belzébuth, chef suprême de l’empire infernal, fondateur de l’ordre de la Mouche ; Satan, chef du parti de l’opposition. Eurynome, prince de la mort, commandeur de l’ordre de la Mouche ; Moloch, prince du pays des larmes, commandeur de l’ordre ; Pluton, prince du feu ; Léonard, grand maître des sabbats, chevalier de la Mouche ; Baalberith, maître des alliances ; Proserpine, archidiablesse, souveraine princesse des esprits malins.

Ministères. Adrameleck, grand chancelier, commandeur de l’ordre de la Mouche ; Astaroth, grand trésorier ; Nergal, chef de la police secrète ; Baal, général en chef des armées infernales, commandeur de l’ordre de la Mouche ; Léviathan, grand amiral, chevalier de la Mouche.

Ambassadeurs. Belphégor, ambassadeur en France ; Mammon, ambassadeur en Angleterre ; Bélial, ambassadeur en Turquie ; Bimmon, ambassadeur en Bussie ; Thamuz, ambassadeur en

  1. M. Cambry, Voyage dans le Finistère, t. III, p. 48.
  2. M. Cambry, Voyage dans le Finistère, 1. 1, p. 175.
  3. Incrédulité et mécréance du sortilège, etc., traité VII, p. 37.