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broïn, maire du palais, qui tyrannisa la France et qui abandonna le monastère de Saint-Gai pour rentrer dans le monde. »

Ébron, démon honoré à Tournay, du temps de Glovis. On ne voyait que sa tête, qui se remuait pour répondre à ses dévots. Il est cité parmi les démons dans le roman de Godefroid de Bouillon, vieux poëme dont l’auteur était du Hainaut.

Écho. Presque tous les physiciens ont attribué la formation de l’écho à une répercursion de son, semblable à celle qu’éprouve la lumière quand elle tombe sur un corps poli. L’écho est donc produit par le moyen d’un ou de plusieurs obstacles qui interceptent le son et le font rebrousser en arrière. Il y a des échos simples et des échos composés. Dans les premiers, on entend une simple répétition du son, dans les autres on l’entend une, deux, trois, quatre fois et davantage. Il en est qui répètent plusieurs mots de suite les uns après les autres ; ce phénomène a lieu toutes les fois qu’on se trouve à une distance de l’écho telle qu’on ait le temps de prononcer plusieurs mots avant que la répétition du premier soit parvenue à l’oreille. Dans la grande avenue du château de Villebertain, à deux lieues de Troyes, on entend un écho qui répète deux fois un vers de douze syllabes. Quelques échos ont acquis une sorte de célébrité. On cite celui de la vigne de Simonetta, qui répétait quarante fois le même mot. A Woodstock, en Angleterre, il y en avait un qui répétait le même son jusqu’à cinquante fois. A quelques lieues de Glascow, en Écosse, il se trouve un écho encore plus singulier. Un homme joue un air de trompette de huit à dix notes ; l’écho les répète fidèlement, mais une tierce plus bas et cela jusqu’à trois fois, interrompues par un petit silence.

Il y eut des gens assez simples pour chercher des oracles dans les échos. Les écrivains du dernier siècle nous ont conservé quelques dialogues de mauvais goût sur ce sujet : — Un amant : Dis-moi, cruel amour, mon bonheur est-il évanoui ? L’écho : Oui. — L’amant : Tu ne parles pas ainsi quand tu séduis nos cœurs, et que tes promesses les entraînent dans de funestes engagements. L’écho : Je mens. — L’amant : Par pitié, ne ris pas de ma peine. Réponds— moi, me reste-t-il quelque espoir ou non ? L’écho : — Non. — L’amant : Eh bien, c’en est fait, tu veux ma mort, j’y cours. L’écho : Cours. — L’amant : La contrée, instruite de tes rigueurs, ne sera plus assez insensée pour dire de toi un mot d’éloges. L’écho : Déloge.

Les anciens Écossais croyaient que l’écho était un esprit qui se plaisait à répéter les sons. Les païens en avaient fait une nymphe. Voy. Lavisari.

Eckart (Le fidèle). Ce héros d’une tradition allemande vivait à la cour d’un duc de Bourgogne de la première dynastie. Dans un combat il sauva ce duc en exposant sa vie. Le prince reconnaissant le combla de faveurs et lui donna le nom de fidèle que la tradition lui maintient. Mais les courtisans, jaloux de son influence, parvinrent à le faire tomber en disgrâce. Le duc de Bourgogne le bannit et lui enleva ses deux fils, dont il n’eut plus de nouvelles qu’au bout de plusieurs années. Alors il apprit que l’ingrat prince avait fait périr ses deux fils, voulant anéantir sa race, et qu’il était lui-même en danger. Or il y avait dans un canton de l’Helvétie, qui reconnaissait alors l’autorité de ce duc, une montagne dite la Montagne de Freya (la Vénus des Germains). Un mystérieux joueur de guitare en sortait de temps en temps, et il tirait de sa guitare des sons d’une magie si puissante qu’ils entraînaient les passants dans une caverne dont on ne les voyait, plus sortir. Le fidèle Eckart s’était retiré non loin de là et connaissait ce sortilège. Un jour le duc de Bourgogne, égaré à la chasse où il avait perdu son cheval, se traînait épuisé dans le bois qui servait de refuge au fidèle Eckart. Le vieux serviteur eut pitié de son prince malgré son crime ; il le porta sur ses épaules à une cabane où il reçut des soins ; là il fut reconnu par le duc, qui lui rendit ses bonnes grâces et le nomma tuteur de ses fils. Il s’acquitta dignement de ses devoirs sans quitter sa retraite. Un soir qu’il se promenait avec eux, le joueur de guitare parut et les entraîna. Mais Eckart était avec eux : il combattit et mit en fuite les mauvais génies qui voulaient s’emparer des jeunes princes, les écarta de la caverne de Freya, et craignant que ce danger se renouvelât pour eux, il se dévoua à rester devant l’entrée’du repaire infernal pour en repousser tous ceux qui y seraient attirés ; il y est encore, mais on ne le voit pas.

Éclairs. On rendait autrefois une espèce de culte aux éclairs, en faisant du bruit avec la bouche ; et les Romains honoraient sous le nom de Papysma une divinité champêtre, pour qu’elle en préservât les biens de la terre. Les Grecs de l’Orient les redoutent beaucoup.

Éclipses. C’était une opinion générale chez les païens que les éclipses de lune procédaient de la vertu magique de certaines paroles par lesquelles on arrachait la lune du ciel, et on l’attirait vers la terre pour la contraindre à jeter sur les herbes une écume qui les rendait plus propres aux sortilèges des enchanteurs. Pour délivrer la lune de son tourment et pour éluder la force du charme, on empêchait qu’elle n’en entendît les paroles en faisant un bruit horrible.

Une éclipse annonçait ordinairement de grands malheurs, et on voit souvent dans l’antiquité des armées refuser de se battre à cause d’une éclipse. Au Pérou, quand le soleil s’éclipsait, les gens du pays disaient qu’il était fâché contre eux et se croyaient menacés d’un grand malheur. Ils avaient encore plus de crainte dans l’éclipsé de lune. Ils la croyaient malade lorsqu’elle paraissait noire ;