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GNO
GOB
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listes tout l’argent qui leur est nécessaire et ne demandent guère, pour prix de leurs services, que la gloire d’être commandés. Les gnomides, leurs femmes, sont petites, mais agréables, et vêtues d’une manière fort curieuse[1]. Les gnomes vivent et meurent à peu près comme les hommes ; ils ont des villes et se rassemblent en sociétés. Les cabalistes prétendent que ces bruits qu’on entendait, au rapport d’Aristote, dans certaines îles, où pourtant on ne voyait personne, n’étaient autre chose que les réjouissances et les fêtes de noces de quelque gnome. Ils ont une âme mortelle ; mais ils peuvent se procurer l’immortalité en contractant des alliances avec les hommes. Voy. Incubo, Cabale, Pygmées, Nains, Gobelins, Kobold, etc.

Gnostiques, hérétiques qui admettent une foule de génies producteurs de tout le monde. Leur nom signifie illuminés ; ils l’avaient pris parce qu’ils se croyaient plus éclairés que les autres hommes. Ils parurent au premier et au deuxième siècle, principalement dans l’Orient. Ils honoraient, parmi les génies, ceux qu’ils croyaient avoir rendu au genre humain les bons offices les plus importants. Ils disaient que le génie qui avait appris aux hommes à manger le fruit de l’arbre de la science du bien et du mal avait fait pour nous quelque chose de très-signalé… Ils l’honoraient sous la figure qu’il avait prise, et tenaient un serpent enfermé dans une cage : lorsqu’ils célébraient leurs mystères, ils ouvraient la cage et appelaient le serpent, qui montait sur une table où étaient les pains, et s’entortillait alentour. C’est ce qu’ils appelaient leur eucharistie… Les gnostiques, auxquels se rattachaient les basilidiens, les ophites, les simoniens, les carpocratiens, etc., tentèrent contre le Catholicisme de grands efforts. Leur serpent, non plus que les autres, n’y put faire qu’user ses dents. Voy. Tête de Bophomet, Éons, etc.

Goap, roi des démons de midi. On peut l’évoquer de trois heures du matin à midi, et de neuf heures du soir à minuit[2].

Gobbino. Voy. Imagination.

Gobelins, espèce de lutins domestiques qui se retirent dans les endroits cachés de la maison, sous des tas de bois. On les nourrit des mets les plus délicats, parce qu’ils apportent à leurs maîtres du blé volé dans les greniers d’autrui. Ils sont de l’espèce des cobales. On dit que la manufacture des Gobelins à Paris doit son nom à quelques follets qui, dans l’origine, venaient travailler avec les ouvriers et leur apprendre à faire de beaux tapis. C’est d’eux, ajoute-t-on, qu’on tient le secret des riches couleurs.

Les Normands regardent les Gobelins comme les bons génies des campagnes. S’ils sont irrités cependant, ils entrent dans les maisons et changent les enfants, mettant le fils d’un prince dans le berceau d’un fils de mendiant et celui-ci dans le berceau royal.

On appelait Gobelin ce démon d’Évreux que saint Taurin expulsa, mais qui, ayant montré un respect particulier au saint exorciste, obtint la permission de ne pas retourner en enfer, et continua de hanter la ville sous diverses formes, à condition qu’il se contenterait de jouer des tours innocents aux bons chrétiens de l’Eure. Mais le Gobelin d’Évreux semble s’être ennuyé de ses espiègleries depuis quelques années, et il a rompu son ban pour aller tourmenter les habitants de Caen. L’un de ces derniers hivers, les bourgeois de la bonne ville de Guillaume le Bâtard furent souvent effrayés de ses apparitions. Il s’était affublé d’une armure blanche et se grandissait jusqu’à pouvoir regarder à travers les fenêtres des étages les plus élevés. Un vieux général rencontra ce diable importun dans une impasse et le défia, mais Gobelin lui répondit : — Ce n’est pas de toi que j’ai reçu ma mission, ce n’est pas à toi que je dois en rendre compte. Le général ayant insisté, six diables blancs de la même taille sortirent tout à coup de terre, et le général jugea prudent de battre en retraite devant le nombre. Le journal du département rendit justice à son courage ; mais le général n’eut pas moins besoin de se faire saigner par le docteur Vastel. Voy. Lutins, Follets, Kobold, etc.

Gobineau de Montluisant, gentilhomme chartrain qui cherchait la pierre philosophale. Il voyait toute la science hermétique exposée dans les sculptures qui décorent le portail de Notre-Dame de Paris. Le Père éternel et les deux anges qui sont auprès de lui représentent, dit-il, le Créateur tirant du néant le souffre incombustible et le mercure de vie, figurés par ces deux anges. Une figure a sous ses pieds un dragon volant qui mort sa queue ; elle n’est pas autre chose que la pierre philosophale, composée de deux substances, la fixe et la volatile. La gueule du dragon dénote le sel fixe qui, par sa siccité, dévore le volatile que désigne la queue glissante de l’animal. Une autre figure a sous ses pieds un chien et une chienne qui s’entre-mordent. C’est encore la lutte de l’humide et du sec, etc. Le savant abbé Lebœuf a vu ces figures avec d’autres yeux. La statue qui foule aux pieds le dragon est Jésus-Christ vainqueur du démon ; l’autre, qui a au-dessous d’elle un chien et une chienne, représente le même Jésus-Christ écrasant le péché et l’hérésie, etc.

Gobs, lutins écossais du genre des Gobelins.

Gobes. On appelle gobes, dans la campagne, des boules sphériques que l’on trouve quelquefois dans l’estomac des animaux ruminants, et qui sont formées de poils avalés spontanément,

  1. Il y a apparence que ces contes de gnomes doivent leur origine aux relations de quelques anciens voyageurs en Laponie.
  2. Wierus, in Pseudomonarchia clœmon.