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LÉO
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1751, 2 vol. in-12 ; 3° un Recueil de dissertations anciennes et nouvelles sur les apparitions, les visions et les songes, avec une préface historique et un catalogue des auteurs qui ont écrit sur les esprits, les visions, les apparitions, les songes et les sortilèges ; 1752, k vol. in-12.

Nous avons puisé fréquemment dans ces ouvrages.

Lenormand (Mademoiselle), femme qui, sous l’Empire et la Restauration, exerçait à Paris le métier de sibylle. Elle prenait le nom de sibylle du faubourg Saint-Germain, tirait les cartes et disait la bonne aventure par le marc de café. On prétend qu’elle était un des organes de la police. Elle a laissé des mémoires et des souvenirs sibyllins. Morte en 1843. Ce qui est curieux, c’est que, de notre temps, les grandes dames allaient la consulter.

Le Normant (Martin), astrologue qui fut apprécié par le roi Jean, auquel il prédit la victoire qu’il gagna contre les Flamands[1].

Léon III, élu pape en 795. On a eu l’effronterie de lui attribuer un recueil de platitudes, embrouillées dans des figures et des mots inin-

telligibles, composé par un visionnaire plus de trois cents ans après lui, sous le titre d’Enchiridion Leonis papœ[2]. On a ajouté qu’il avait envoyé ce livre à Charlemagne. Voici le titre exact de ce ridicule fatras : Enchiridion du pape Léon, donné comme un présent précieux au sérénissime empereur Charlemagne, récemment purgé de toutes ses fautes. Rome, 1670, in-12 long, avec un cercle coupé d’un triangle pour vignette, et à l’entour ces mots en légende : Formation, réformation, transformation. Après un avis aux sages cabalistes, le livre commence par l’Évangile de saint Jean, que suivent les secrets et oraisons pour conjurer le diable. Voy. Conjurations, etc.

Léonard, démon des premiers ordres, grand maître des sabbats, chef des démons subalternes, inspecteur général de la sorcellerie, de la magie noire et des sorciers. On l’appelle souvent le


Grand Nègre. Il préside au sabbat sous la figure d’un bouc de haute taille ; il a trois cornes sur la tête, deux oreilles de renard, les cheveux hérissés, les yeux ronds, enflammés et fort ouverts, une barbe de chèvre et un visage au derrière. Les sorciers l’adorent en lui baisant ce visage inférieur avec une chandelle verte à la main. Quelquefois il ressemble à un lévrier ou à un bœuf, ou à un grand oiseau noir, ou a un tronc d’arbre surmonté d’un visage ténébreux. Ses pieds, quand il en porte au sabbat, sont toujours des pattes d’oie. Cependant, les experts qui ont vu le diable au sabbat observent qu’il n’a pas de pieds quand il prend la forme d’un trône d’arbre et dans d’autres circonstances extraordinaires. Léonard est taciturne et mélancolique ; mais dans toutes les assemblées de sorciers et de diables où il est obligé de figurer, il se montre avantageusement et déploie une gravité superbe[3].

Léopold, fils naturel de l’empereur Rodolphe II. Il embrassa la magie et étudia les arts du diable, qui lui apparut plus d’une fois. Il arriva que son frère Frédéric fut pris en bataille en combattant contre Louis de Bavière. Léopold, voulant lui envoyer un magicien pour le délivrer de la prison de Louis sans payer rançon, s’enferma avec ce magicien dans une chambre, en conjurant et appelant le diable, qui se présenta à eux sous forme et costume d’un messager de pied, ayant ses souliers usés et rompus, le chaperon en tête ; quant au visage, il avait les yeux chassieux. Il leur promit, sans que le magicien

  1. Manuscrit cité à la fin des remarques de Joly sur Bayle.
  2. Enchiridion Leonis papœ serenissimo imperalori Carolo Magno in munus pretiosum datum, nuperrime mendis omnibus purgalum, etc.
  3. Delrio, Delancre, Bodin, etc.