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graphes magistrats y consentirent, et c’est probablement la dernière fois que cette singulière épreuve eut lieu. L’accusée fut conduite en chemise à l’église de la paroisse et placée dans un plateau de la balance, tandis qu’on mit dans l’autre la grande Bible de l’Église. La femme fut plus lourde que le livre, et en conséquence honorablement acquittée ; car c’était un fait incontestable et incontesté jusqu’alors chez les anglicans qu’une sorcière déshabillée ne pesait pas une Bible d’église[1].

Lock. Chez les Scandinaves, les tremblements de terre étaient personnifiés dans un dieu, un dieu mauvais, un démon nommé Lock. Après avoir répandu le mal dans toute la Scandinavie, comme un semeur sa graine, Lock fut à la fin enchaîné sur des roches aiguës. Lorsqu’il se retourne, ainsi que le ferait un malade, sur son lit de pierres coupantes, la terre tremble ; lorsqu’il écume et répand sa bave, qui est un poison, ses nerfs entrent en convulsion et la terre s’agite[2].

Lofarde, sorcière qui fut accusée, en 1582, par sa compagne, la femme Gantière, de l’avoir menée au sabbat, où le diable l’avait marquée, lequel était vêtu d’un hilaret jaune[3]

Logherys. Voy. Lumcaunes.

Lohen (Nephtali), rabbin de Francfort, réputé au treizième siècle grand magicien.

Loki, démon farceur des Scandinaves. C’est lui qui égayé les dieux et les héros de Walhalla.

Lokman, fabuliste célèbre de l’Orient. Il vivait, dit-on, vers le temps de David, ce qui n’est pas certain ; il fut surnommé le Sage. Les Perses disent qu’il trouva le secret de faire revivre les morts, et qu’il usa de ce secret pour lui-même. Ils lui accordent une longévité de trois cents ans ; quelques-uns prétendent qu’il en vécut mille.

Il a laissé, ou du moins on a mis sous son nom, des apologues qui jouissent d’une grande célébrité. Les écrivains de l’Asie réclament pour lui la plupart des faits et gestes que les Grecs attribuent à Ésope[4].

Lollard (Gauthier), hérétique qui commença en 1315 à semer ses erreurs ; il les avait prises des Albigeois. Il enseignait que les démons avaient été chassés du ciel injustement, qu’ils y seraient un jour rétablis, et que saint Michel et les autres anges seraient alors damnés à leur tour. Il prêchait des mœurs corrompues, et ses disciples firent beaucoup de mal. Brûlé à Cologne en 1322.

Lomelli (Battista), mystique italien qui précéda à Paris, sous Louis XIII, les prestiges de Cagliostro. Il disait la bonne aventure avec beaucoup de cérémonies qui en imposaient.

Longévité. On a vu, surtout dans les pays du Nord, des hommes qui ont prolongé leur vie au delà des termes ordinaires. Cette longévité ne peut s’attribuer qu’à une constitution robuste, à une vie sobre et active, à un air vif et pur. Il n’y a pas cinquante ans que Kotzebue rencontra en Sibérie un vieillard bien portant, marchant et travaillant encore, dans sa cent quarante-deuxième année. Des voyageurs dans le Nord trouvèrent au coin d’un bois un vieillard à barbe grise qui pleurait à chaudes larmes. Ils lui demandèrent le sujet de sa douleur : le vieillard répondit que son père l’avait battu. Les voyageurs surpris le reconduisirent à la maison paternelle et intercédèrent pour lui. Après quoi, ils demandèrent au père le motif de la punition infligée à son fils. « Il a manqué de respect à son grand-père, » répondit le vieux bonhomme.

Les chercheurs de merveilles ont ajouté les leurs à celles de la nature. Torquemada conte qu’en 1531 un vieillard de Trente, âgé de cent ans, rajeunit et vécut encore cinquante ans ; et Langius dit que les habitants de l’île de Bonica en Amérique peuvent aisément s’empêcher de vieillir, parce qu’il y a dans cette île une fontaine qui rajeunit pleinement. Voy. Haquin.

Lorsque l’empereur Charles-Quint envoya une armée navale en Barbarie, le général qui commandait cette expédition passa par un village de la Calabre où presque tous les paysans étaient âgés de cent trente-deux ans, et tous aussi sains et dispos que s’ils n’en avaient eu que trente. C’était, disent les relations, un sorcier qui les rajeunissait. En 1773 mourut, près de Copenhague, un matelot nommé Drakenberg, âgé de cent quarantesix ans : la dernière fois qu’il se maria il avait cent onze ans, et il en avait cent trente quand sa femme mourut. Il devint épris d’une jeune fille de dix-huit ans qui le refusa ; de dépit il jura de vivre garçon désormais, et il tint parole.

En 1670, sous Charles II, mourut dans l’Yorkshire Henri Jenkins, né en 1501, sous Henri VII. Il se rappelait à merveille d’avoir été de l’expédition de Flandre sous Henri VIII, en 1513. Il mourut à cent soixante-neuf ans révolus, après avoir vécu sous huit rois, sans compter le règne de Cromwell. Son dernier métier était celui de pêcheur. Agé de plus de cent ans, il traversait la rivière à la nage. Sa petite-fille mourut à Cork à cent treize ans. Voy. Arthephius, Dormants, Flamel, Jean d’Estampes, Lokman, Zoroastre, etc.

Loota, oiseau qui, dans l’opinion des habitants des îles des Amis, mange, à l’instant de la mort, les âmes des gens du peuple, et qui, pour cet effet, se promène sur leurs tombes. (Voyages de Cooh.)

Loray. Voy. Oray.

Loterie. La loterie doit son origine à un Gé-

  1. Recherches curieuses sur la sorcellerie, publiées dans le Droit en 1845.
  2. Didron, Histoire du diable.
  3. Hilaret, espèce de jaquette, qui s’appelle aujourd’hui coachmann.
  4. Voyez sur Lokman les Légendes de l’Ancien Testament.