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Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal.pdf/451

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commandait en ce lieu au cœur de Marat… Il est vrai que, peu de jours après, on jeta son buste et ce qui restait de lui dans l’égout de la rue Montmartre[1].

Marbas ou Barbas, grand président des enfers ; il se montre sous la forme d’un lion furieux. Lorsqu’il est en présence d’un exorciste, il prend la figure humaine et répond sur les choses ca-


chées. Il envoie les maladies ; il donne la connaissance des arts mécaniques ; il change l’homme en différentes métamorphoses ; il commande trente-six légions[2].

Marc. L’hérésiarque Valentin eut entre autres disciples un nommé Marc, qui exerçait une espèce de magnétisme par lequel il prétendait communiquer le don de prophétie. Quand une femme à qui il avait promis ce don lui disait : Mais je ne suis pas prophétesse, il faisait sur elle des invocations afin de l’étonner, et il ajoutait : Ouvre la bouche à présent et dis tout ce qui te viendra, tu prophétiseras. La pauvre femme se hasardait et se croyait prophétesse. Il donnait dans la cabale ; et sans doute ses sectateurs tenaient de lui cette doctrine que les vingt-quatre lettres de l’alphabet sont vingt-quatre éons ou esprits qui dirigent toutes choses. On ajoute que dans ses prestiges, car il faisait aussi de la magie, il était secondé par le démon Azazel.

Marc de café (Art de dire la bonne aventure par le). Les préparatifs de l’art de lire les choses futures dans le marc de café sont fort simples. Vous laisserez dans la cafetière le marc que le café y a déposé ; qu’il soit vieux ou frais, il a des résultats, pourvu qu’il soit à peu près sec quand vous voudrez l’employer. Vous jetterez un verre d’eau sur ce marc ; vous le ferez chauffer jusqu’à ce qu’il se délaye. Vous aurez une assiette blanche, sans tache, essuyée et séchée. Vous remuerez d’abord le marc avec une cuiller,’vous le verserez sur l’assiette, mais en petite quantité et de façon qu’il n’emplisse l’assiette qu’à moitié. Vous l’agiterez en tous sens, avec légèreté, pendant une minute ; ensuite vous répandrez doucement tout le liquide dans un autre vase. Par ce moyen il ne reste dans l’assiette que des particules de marc de café disposées de mille manières, et formant une foule de dessins hiéroglyphiques. Si ces dessins sont trop brouillés, que le marc soit trop épais, que l’assiette ne ressemble à rien, vous recommencerez l’opération. On ne peut lire les secrets de la destinée que si les dessins de l’assiette sont clairs et distincts, quoique pressés. Les bords sont ordinairement plus épais ; il y a même souvent des parties embrouillées dans le milieu ; mais on ne s’en inquiète point ; on peut deviner quand la majeure partie de l’assiette est déchiffrable. Des sibylles prétendent qu’on doit dire certaines paroles mystérieuses[3] en versant l’eau dans la cafetière, en remuant le marc avec la cuiller devant le feu, en le répandant sur l’assiette. C’est peut-être une supercherie. Les paroles n’ont pas ici de vertu. Si on les ajoute, ce n’est que pour donner à l’œuvre quelque solennité et pour contenter les gens qui veulent que tout se fasse en cérémonie.

Le marc de café, après qu’on l’a versé dans l’assiette, y laisse donc diverses figures. Il s’agit de les démêler ; car il y a des courbes, des ondulations, des ronds, des ovales, des carrés, des triangles, etc., etc. Si le nombre des ronds

  1. Voyez la légende de Sylvain Mareschal dans les Légendes de l’autre monde.
  2. Wierus, in Pseudomonarchia dœmon.
  3. Les voici. En jetant l’eau sur le marc :Aqua boraxit venias carajos; en remuant le marc avec la cuiller :Fixatur et patrîcam explinabit tornare; en répandant le marc sur l’assiette :Hax verlicaline, pax fantas marobum, max destinatus, veida porol. Ces paroles ne signifiant rien, ne s’adressant à personne, pourraient bien être sans utilité.