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Poppiel Ier, roi de Pologne au neuvième siècle. On rapporte qu’il jurait souvent et que son serment ordinaire était : Que les rats me puissent manger ! Si ce serment ne lui fut pas funeste, il le fut du moins à sa postérité, comme on va le voir. Il mourut de maladie, dans un âge peu avancé. Poppiel II, son fils, fut comme lui un tyran. On lui avait donné pour tuteurs ses oncles, guerriers braves et expérimentés, qu’il n’écouta point. Il épousa une princesse qui s’empara de son esprit, lui rendit d’abord ses oncles suspects, ensuite odieux, et ses conseils le décidèrent à les faire empoisonner. La cour frémit et le peuple s’indigna à cette nouvelle. Poppiel, avec l’audace qui est le propre des grands criminels, accusa ses oncles de trahison et défendit qu’on leur accordât ni bûcher, ni sépulture. Les Polonais, qui aimaient ces princes si lâchement assassinés, murmurèrent de nouveau ; mais on n’eût fait que les plaindre, si le ciel ne leur eût envoyé des vengeurs. Du milieu de leurs restes tombés en pourriture, il sortit une armée de rats, destinés à punir Poppiel. L’horreur qu’avait inspirée son crime avait fait fuir la plus grande partie de sa cour; elle était presque réduite à la reine et à lui seul, lorsque ces bêtes les assiégèrent et vinrent à bout de les dévorer. Voy. Hatton.

Porcs (Divination par les). Nous ne pouvons citer qu’un exemple de ce singulier procédé pour la connaissance de l’avenir. Justinien ayant déclaré la guerre à Théodat, ce roi des Goths fut vaincu par Bélisaire ou plutôt par la peur. Procope explique ainsi le fait : Ce pauvre prince ayant consulté un juif qui passait pour un devin très-habile, afin de savoir d’avance le résultat de la guerre, le Juif enferma trente porcs, dix par dix, dans trois étables. On les tint un certain temps sans manger. Le terme de l’expérience étant expiré, le prince et le juif entrèrent dans les étables ; on avait donné aux porcs de la première le nom de Goths, à ceux de la seconde le nom de Romains et aux porcs de la troisième le nom de Grecs. Les porcs qui représentaient les Goths se trouvèrent morts, à l’exception de deux ; cinq des porcs romains restaient debout; mais les porcs grecs se montrèrent tous vivants. Théodat vit là que la victoire serait à l’empereur, et subit en conséquence une défaite. Les Goths, instruits de ces détails, chassèrent leur roi Théodat et proclamèrent à sa place Vitigès, son écuyer.

Porom-Houngse, sorte de fakirs chez les Indiens. Ils se vantent d’être descendus du ciel et de vivre des milliers d’années sans jamais prendre la moindre nourriture. Ce qu’il y a de vrai, c’est qu’on ne voit jamais un porom-houngse manger ou boire en public.

Porphyre, visionnaire grec et philosophe vivant au troisième siècle, que quelques-uns de ges ont fait mettre au rang des sorciers, dans les arts magiques.

Porriciæ, entrailles de la victime que les prêtres jetaient dans le feu, après les avoir considérées pour en tirer de bons ou de mauvais présages.

Porta (Jean-Baptiste), physicien célèbre, qui a fait faire des pas à la science et qui a préparé les découvertes photographiques dont nous jouis, sons aujourd’hui, né à Naples vers 1550. On dit qu’il composa à quinze ans les premiers livres de sa Magie naturelle, qui sont gâtés par les préjugés du siècle où il vécut. Il croyait à l’astrologie judiciaire, à la puissance indépendante des esprits, etc. On cite, comme le meilleur de ses ouvrages, la Physiognomonie céleste, 1661, in-4 ; il s’y déclare contre les chimères de l’astrologie ; mais il continue néanmoins à attribuer une grande influence aux corps célestes. On lui doit encore un traité de Physiognomonie, où il compare les figures humaines aux figures des animaux, pour en tirer des inductions systématiques. Voy. Physiognomonie, à la fin.

Porte. Les Tartares mantchoux révèrent un esprit gardien de la porte, sorte de divinité domestique qui écarte le malheur de leurs maisons.

Portes des Songes. Dans Virgile, l’une est de corne, l’autre est d’ivoire. Par la porte de corne passent les Songes véritables, et par la porte d’ivoire, les vaines illusions et les Songes trompeurs.

Possédés. Le bourg de Teilly, à trois lieues d’Amiens, donna en 1816 le spectacle d’une fille qui voulait se faire passer pour possédée. Elle était, disait-elle, au pouvoir de trois démons, Mimi, Zozo et Crapoulet. Un honnête ecclésiastique prévint l’autorité, qui reconnut que cette fille était malade. On la fit entrer dans un hôpital, et il ne fut plus parlé de la possession. On trouve de la sorte dans le passé quelques supercheries que la bonne foi de nos pères a su réprimer souvent. Il y eut jadis bien moins de scandales qu’on ne le conte, et les possessions n’étaient pas de si libre allure qu’on le croit. Une démoniaque commençait à faire du bruit sous Henri III ; le roi aussitôt envoya son chirurgien Pigray, avec deux autres médecins, pour examiner l’affaire. Quand la possédée fut amenée devant ces docteurs, on l’interrogea, et elle débita des sornettes. Le prieur des capucins lui fit des demandes en latin auxquelles elle répondit fort mal ; et enfin on trouva, dans certains papiers, qu’elle avait été déjà, quelques années précédemment, fouettée en place publique pour avoir voulu se faire passer pour démoniaque ; on la condamna à une réclusion perpétuelle. Du temps du même Henri III, une Picarde se disait possédée du diable, apparemment pour se rendre formidable. L’évêque d’Amiens, soupçonnant quelque imposture, la fit exorciser par un laïque déguisé en prêtre et lisant les épîtres de Cicéron. La démoniaque savait son rôle par cœur ; elle se tour-