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dant sa vie, lui mit, par le secours des esprits, quelque charme ou poison sous les aisselles : de sorte qu’il semblait qu’elle eût vie ; et elle commença à se retrouver aux assemblées, jouant de la guitare, chantant, sautant et dansant, comme


elle avait accoutumé : de sorte qu’elle ne différait d’une personne vivante que par la couleur, qui était excessivement pâle. Peu de jours après, il se trouva à Bologne un autre magicien, lequel, averti de l’excellence de l’art de cette fille, la voulut voir jouer comme les autres. Mais à peine l’eut-il vue, qu’il s’écria : Que faites-vous ici, messieurs ? celle que vous voyez devant vos yeux, qui fait de si jolis soubresauts, n’est autre qu’une charogne morte. Et à l’instant elle tomba morte à terre : au moyen de quoi le prestige et l’enchanteur furent découverts. »

Une jeune femme de la ville de Laon vit le diable sous la forme de son grand-père, puis sous celles d’une bête velue, d’un chat, d’un escarbot, d’une guêpe et d’une jeune fille[1]. Ce sont plutôt des hallucinations que des prestiges. Voy. Apparitions, Enchantements, Sicidites, Métamorphoses, Charmes, etc.

Prêtres noirs. C’est le nom que donnent les sorciers aux prêtres du sabbat.

Prières superstitieuses. Nous empruntons à l’abbé Thiers et à quelques autres ces petits chefs-d’œuvre de niaiserie ou de naïveté.

Pour le mal de dents : Sainte Apolline, qui êtes assise sur la pierre ; sainte Apolline, que faitesvous là ? — Je suis venue ici pour le mal de dents. Si c’est un ver, ça s’ôtera ; si c’est une goutte, ça s’en ira.

Contre le tonnerre : Sainte Barbe, sainte Fleur, la vraie croix de Notre-Seigneur. Partout où cette oraison se dira, jamais le tonnerre ne tombera.

Pour toutes les blessures : Dieu me bénisse et me guérisse, moi pauvre créature, de toute espèce de blessure, quelle qu’elle soit, en l’honneur de Dieu et de la Vierge Marie, et de MM. saint Cosme et saint Damien. Amen.

Pour les maladies des yeux : M. saint Jean, passant par ici, trouva trois vierges en son chemin. Il leur dit : Vierges, que faites-vous ici ? Nous guérissons de la maille. — Oh ! guérissez, vierges, guérissez cet œil.

Pour arrêter le sang du nez : Jésus-Christ est né en Bethléem et a souffert en Jérusalem. Son sang s’est troublé ; je le dis et te commande, sang, que tu t’arrêtes par la puissance de Dieu, par l’aide de saint Fiacre et de tous les saints, tout ainsi que le Jourdain, dans lequel saint JeanBaptiste baptisa Notre-Seigneur, s’est arrêté. Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit.

Contre la brûlure : Feu de Dieu, perds ta chaleur, comme Judas perdit sa couleur, quand il vendit Notre-Seigneur au jardin des Olives. Voyez Point de côté, Oraison du loup, Gardes, Barbe-à-Dieu, etc.

Prierio (Sylvestre Mozzolino de), savant dominicain, a publié un livre curieux sur les faits étranges des sorcières et des démons :De strigimagarum denionumque prestigiis. Rome, 1521 ; in-4o.

Prisier, démon invoqué dans les litanies du sabbat.

Prodiges, événements surprenants dont on ignore la cause, et que l’on est tenté de regarder comme surnaturels. C’est la définition de Bergier. Sous le consulat de Volumnius, on entendit parler un bœuf. Il tomba du ciel, en forme de pluie, des morceaux de chair, que les oiseaux dévorèrent en grande partie ; le reste fut quelques jours sur la terre sans rendre de mauvaise odeur. Dans d’autres temps, on rapporta des événements aussi extraordinaires, qui ont néanmoins trouvé créance parmi les hommes. Un enfant de six mois cria victoire dans un marché de bœufs. Il plut des pierres à Picenna. Dans les Gaules, un loup s’approcha d’une sentinelle, lui tira l’épée du fourreau et l’emporta. Il parut en Sicile une sueur de sang sur deux boucliers, et, pendant la seconde guerre punique, un taureau dit, en présence de Cnéus Domitius : Rome, prends garde à


toi[2] ! Dans la ville de Galéna, sous le consulat de

  1. Cornelii gemmœ cosmocriticœ, lib. II, cap. ii.
  2. Valère-Maxime.