Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal.pdf/572

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
PUN
PYG
— 564 —

le fameux bandit de la forêt de Sherwood ayant reçu ce surnom à cause de sa ressemblance avec ce diable populaire. Enfin Robin Hood est aussi le Red Cap d’Écosse et le diable saxon Hodeken, ainsi appelé de l’hoodiwen, ou petit chaperon rouge qu’il porte en Suède lorsqu’il y apparaît sous la forme du Nisse ou Nissegodreng. Puck, en Suède, se nomme Nissegodreng (ou Nisse le bon enfant), et vit en bonne intelligence avec Tomtegobbe, ou le Vieux du Grenier, qui est un diable de la même classe. On trouve Nissegodreng et Tomtegobbe dans presque toutes les fermes, complaisants et dociles si on les traite avec douceur, mais irascibles et capricieux si on les offense.

Dans le royaume voisin, en Danemark, les Pucks ont un rare talent comme musiciens. Il existe une certaine danse appelée la gigue du roi des Elfes, bien connue des ménétriers de campagne et qu’aucun d’eux n’oserait exécuter. L’air seul produit le même effet que le cor d’Obéron : à peine la première note se fait-elle entendre, vieux et jeunes sont forcés de sauter en mesure ; les tables, les chaises et les tabourets de la maison commencent à se briser, et le musicien imprudent ne peut rompre le charme qu’en jouant la même danse à rebours sans déplacer une seule note, ou bien en laissant approcher un des danseurs involontaires assez adroit pour passer derrière lui et couper toutes les cordes du violon par-dessus son épaule[1].

Punaises. Si on les boit avec de bon vinaigre, elles font sortir du corps les sangsues que l’on a avalées, sans y prendre garde, en buvant de l’eau de marais[2].

Purgatoire. Les juifs reconnaissent une sorte de purgatoire ; il dure pendant toute la première année qui suit la mort de la personne décédée. L’âme, durant ces douze mois, a la liberté de venir visiter son corps et revoir les lieux et les personnes pour lesquels elle a eu quelque affection particulière. Le jour du sabbat est pour elle un jour de relâche. Les Kalmouks croient que les Berrids, qui sont les habitants de leur purgatoire, ressemblent à des tisons ardents et souffrent surtout de la faim et de la soif. Veulent-ils boire, à l’instant ils se voient environnés de sabres, de lances, de couteaux ; à l’aspect des aliments, leur bouche se rétrécit comme un trou d’aiguille, leur gosier ne conserve que le diamètre d’un fil, et leur ventre s’élargit et se déploie sur leurs cuisses comme un paquet d’allumettes. Leur nourriture ordinaire se compose d’étincelles. Ceux qui ont dit que le purgatoire n’est séparé de l’enfer que par une grande toile d’araignée ou par des murs de papier qui en forment l’enceinte et la voûte, ont dit des choses que les vivants ne savent pas. Le purgatoire est indiqué dans saint Matthieu, chap. xn, où NotreSeigneur parle de péchés qui ne sont remis ni dans le siècle présent, ni dans le siècle futur. Or, les péchés qui peuvent être remis dans le siècle futur ne le seront ni dans le ciel, où rien de souillé ne peut entrer, ni dans l’enfer, où il n’y a plus de rémission. Donc ils seront expiés dans un lieu intermédiaire ; et ce lieu est le purgatoire.

Purrikeh, épreuve par le moyen de l’eau et du feu, en usage chez les Indiens pour découvrir les choses cachées.

Pursan ou Curson, grand roi de l’enfer. Il


apparaît sous la forme humaine, en costume du temps, avec une tête qui rappelle le lion ; il porte une couleuvre ; il est quelquefois monté sur un ours et précédé continuellement du son de la trompette. Il connaît à fond le présent, le passé, l’avenir, découvre les choses enfouies, comme les trésors. En prenant la forme d’un homme, il est aérien ; il est le père des bons esprits familiers. Vingt-deux légions reçoivent ses ordres[3].

Putéorites, secte juive dont la superstition consistait à rendre des honneurs particuliers aux puits et aux fontaines.

Pygmées, peuple fabuleux qu’on disait avoir existé en Thrace. C’étaient des hommes qui n’avaient qu’une coudée de haut ; leurs femmes accouchaient à trois ans et étaient vieilles à huit. Leurs villes et leurs maisons n’étaient bâties que de coquilles d’œufs ; à la campagne, ils se retiraient dans des trous qu’ils faisaient sous terre. Ils coupaient leurs blés avec des cognées, comme s’il eût été question d’abattre une forêt. Une armée de ces petits hommes attaqua Hercule, qui s’était endormi après la défaite du géant Antée, et prit pour le vaincre les mêmes précautions qu’on prendrait pour former un siège. Les deux ailes de cette petite armée fondent sur la main droite du héros, et, pendant que le corps de bataille s’attache à la gauche et que les ar-

  1. Quarterly Review.
  2. Albert le Grand, p. 187.
  3. Wierus, Pseudom. dœmon.