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Rabbats, lutins qui font du vacarme dans les maisons et empêchent les gens de dormir. On les nomme rabbats parce qu’ils portent une bavette à leur cravate, comme les gens qu’on appelle en Hollande consolateurs des malades, et qui ne consolent personne.

Rabbins, docteurs juifs qui, rebelles à la vérité, furent longtemps soupçonnés d’être magiciens et d’avoir commerce avec les démons[1].

Rabdomancie, divination par les bâtons. C’est une des plus anciennes superstitions. Ézéchiel et Osée reprochent aux Juifs de s’y laisser tromper. On dépouillait, d’un côté et dans toute sa longueur, une baguette choisie ; on la jetait en l’air ; si, en retombant, elle présentait la partie dépouillée, et qu’en la jetant une seconde fois elle présentât le côté revêtu de l’écorce, on en tirait un heureux présage. Si, au contraire, elle tombait une seconde fois du côté pelé, c’était un augure fâcheux. Cette divination était connue chez les Perses, chez les Tartares et chez les Romains. La baguette divinatoire, qui a fait grand bruit sur la fin du dix-septième siècle, tient à la rabdomancie. Voy. Baguette. Bodin dit qu’une sorte de rabdomancie était de son temps en vigueur à Toulouse ; qu’on marmottait quelques paroles ; qu’on faisait baiser les deux parties d’un certain bâton fendu, et qu’on en prenait deux parcelles qu’on pendait au cou pour guérir la fièvre quarte.

Rachaders, génies malfaisants des Indiens.

Radcliffe (Anne), Anglaise qui publia, il y a cinquante ans, des romans pleins de visions, de spectres et de terreurs, comme les Mystères d’Udolphe, etc.

Ragalomancie, divination qui se faisait avec des bassinets, des osselets, de petites balles, des tablettes peintes, et que nul auteur n’a pu bien expliquer[2].

Rage. Pour être guéri de la rage, des écrivains superstitieux donnent ce conseil : On mangera une pomme ou un morceau de pain dans lequel on enfermera ces mots : Zioni, Kirioni, Ezzeza ; ou bien on brûlera les poils d’un chien enragé, on en boira la cendre dans du vin, et on guérira[3].

Le seul moyen sûr de guérir la rage et qui n’a jamais manqué, c’est d’aller à Saint-Hubert, comme l’attestent les noms de plus de trois cent mille pèlerins qui y sont enregistrés.

Raginis, espèce de fées chez les Kalmouks. Elles habitent le séjour de la joie, d’où elles s’échappent quelquefois pour venir au secours des malheureux. Mais elles ne sont pas toutes bonnes ; c’est comme chez nous.

Raguse (George de), théologien, médecin et professeur à l’université de Padoue, a publié un livre rare sur les divinations, où il traite spécialement de l’astrologie, de la chiromancie, de la physiognomonie, de la géomancie, de la nomancie, de la cabale, de la magie, etc. Paris, 1623, in-8o.

Rahouart, démon que nous ne connaissons pas. Dans la Moralité du mauvais riche et du ladre, imprimée à Rouen, sans date, chez Durzel, et

 
 
jouée à la fin du quinzième siècle, Satan a pour compagnon le démon Rahouart. C’est dans sa hotte que Rahouart emporte l’âme du mauvais riche quand il est mort.

Raiz. Voy. Retz.

Raide (Marie de la), sorcière qu’on arrêta à l’âge de dix-huit ans, au commencement du dix-septième siècle. Elle avait débuté dans le métier à dix ans, conduite au sabbat pour la première fois par la sorcière Marissane. Après la mort de cette femme, le diable, selon la procédure, la mena lui-même à son assemblée, où elle avoua qu’il se tenait en forme de tronc d’arbre. Il semblait être dans une chaire, et avait quelque ombre humaine fort ténébreuse. Cependant elle l’a vu sous la figure d’un homme ordinaire, tantôt rouge, tantôt noir. Il s’approchait souvent des enfants, tenant un fer chaud à la main ; mais elle ignore s’il les marquait. Elle n’avait jamais baisé le diable ; mais elle avait vu comment on s’y prenait : le diable présentait sa figure ou son derrière, le tout à sa discrétion et comme il lui plaisait. Elle ajouta qu’elle aimait tellement le sabbat

  1. Leloyer, Histoire des spectres ou apparitions des esprits, p. 294.
  2. Delancre, Incrédulité et mécréance du sortilège pleinement convaincues, p. 278.
  3. Lemnius.