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de Saint-Côme. « Sous le roi Étienne, dit Leloyer, en temps de moissons, sortirent en Angleterre deux jeunes enfants de couleur verte, ou plutôt deux satyres, mâle et femelle, qui, après avoir appris le langage du pays, se dirent être d’une terre d’antipodes, où le soleil ne luisait, et ne voyaient que par une lumière sombre qui précédait le soleil d’orient, ou suivait celui d’occident. Au surplus, étaient chrétiens et avaient des églises. » Enfin, un rabbin s’est imaginé que les satyres et les faunes des anciens étaient en effet des hommes, mais dont la structure était restée imparfaite, parce que Dieu, lorsqu’il les faisait, surpris par le soir du sabbat, avait interrompu son ouvrage.

Saubadine de Subiette, mère de Marie de Naguille, sorcière, que sa fille accusa de l’avoir menée au sabbat plusieurs fois[1].

Sausine, sorcière et prêtresse du sabbat. Elle était très-considérée des chefs de l’empire infernal. C’est la première des femmes de Satan. On

 
 
l’a vue souvent, avec ses yeux troubles, dans les assemblées qui se tenaient au pays de Labour[2].

Saute-Buisson. Voy. Verdelet.

Sauterelles. Pendant que Charles le Chauve assiégeait Angers, des sauterelles grosses comme le pouce, ayant six ailes, vinrent assaillir les Français. Ces ennemis d’un nouveau genre volaient en ordre, rangés en bataille, et se faisaient éclairer par des piqueurs d’une forme élancée. On les exorcisa, suivant l’usage du temps, et, chose qui surprend les niais, le tourbillon, mis en déroute, s’alla précipiter dans la mer[3].

Sauveurs d’Italie, charlatans qui se disent parents de saint Paul et portent imprimée sur leur chair une figure de serpent qu’ils donnent pour naturelle. Ils se vantent de ne pouvoir être blessés par les serpents, ni par les scorpions, et de les manier sans danger.

Savon. Dans l’île de Candie et dans la plupart des îles de Turquie et de la Grèce, on évite d’offrir du savon à quelqu’un. On craindrait par là d’effacer l’amitié.

Savonarole (Jérôme), célèbre dominicain ferrarais du quinzième siècle. Machiavel dit qu’il avait persuadé au peuple de Florence qu’il parlait avec Dieu. Nardin, dans son Histoire de Florence, livre II, dit que les partisans de Savonarole étaient appelés Piagnoni, les pleureurs, et ses ennemis Arrabiati (les enragés) ou les indisciplinables[4]. Nous ne jugerons pas ici cet homme, qui put bien avoir des torts graves.

Sayrims, ministres de Satan dans la cabale.

Scaf ou Schaf, magicien du canton de Berne, au quinzième siècle. Il pouvait, disait-il, se changer en souris pour échapper à ses ennemis, qui le prirent et le tuèrent.

Scandinaves. Alfader est le plus ancien des dieux dans la Théogonie des Scandinaves. L’Edda lui donna douze noms : premièrement, Alfader (père de tout) ; deuxièmement, Héréon (seigneur ou plutôt guerrier); troisièmement, Nikar (le sourcilleux), lorsqu’il est mécontent ; quatrièmement, Nikuder (dieu de la mer) ; cinquièmement, Fiol-ner (savant universel); sixièmement, Orne (le bruyant); septièmement, Bifid (l’agile); huitièmement, Vidrer (le magnifique); neuvièmement, Svidrer (l’exterminateur); dixièmement, Svider (l’incendiaire) ; onzièmement, Oské (celui qui choisit les morts); douzièmement, Falker (l’heureux). Alfader est le nom que l’Edda emploie le plus souvent. Voy. Odin.

Schada-Schivaoun, génies indiens qui régissent le monde. Ils ont des femmes ; mais ce ne sont que des attributs personnifiés. La principale se nomme Houmani : c’est elle qui gouverne le ciel et la région des astres.

Schadukian, province du Ginnistan, que les romans orientaux disent peuplée de dives et de péris.

Schamanes, sorciers de la Sibérie, qui font des conjurations pour retrouver une vache perdue, pour guérir une maladie, et qui invoquent les esprits en faveur d’une entreprise ou d’un voyage. Ils sont très-redoutés.

  1. Delancre, Tableau de l’inconstance des démons, sorciers et magiciens, liv. II, p. 119.
  2. Delancre, Tabl. de l’inconstance des démons, etc., p. 141.
  3. M. Garinet, Hist. de la magie en France, p. 48.
  4. Saint-Foix, t. III, p. 368.