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sans attaquer le caractère et la bonne foi des nombreux témoins qui les attestent, et parmi lesquels se trouvent des hommes honorables et éclairés, tels que des magistrats, des médecins, des professeurs.

Quelles sont les conditions nécessaires pour le développement de ces manifestations ?… La seule dont on ait pu jusqu’à présent se rendre compte, mais qui paraît indispensable, est la présence de certaines personnes, qui sont des intermédiaires obligés entre les hommes et les auteurs de ces phénomènes, et que, pour cette raison, on désigne sous le nom de médium. Mais du reste ces médium ne peuvent être reconnus d’avance par aucun caractère physique ou moral. Ils se révèlent d’eux-mêmes ou sont indiqués par les médium déjà développés, et il s’en rencontre au moment où on s’y attend le moins parmi les personnes de tout sexe, de tout âge, de toute condition, croyants ou incrédules. Ainsi, dans les trente à quarante mille médium que l’on prétendait exister aux États-Unis au commencement de cette année (1854), on voit des hommes graves, instruits, entourés de l’estime et de la considération publique, parmi lesquels on compte un juge de la cour suprême et plusieurs ministres de différentes sectes, des femmes distinguées appartenant à la classe supérieure de la société, et à côté d’eux des gens du peuple tout à fait illettrés, des sauvages, et même des individus d’un caractère notoirement immoral et dépravé.

On ne sait pas encore si les médium se rencontrent plus fréquemment parmi les sujets magnétiques que parmi les autres, et, bien que cela paraisse probable, on trouve à cet égard des opinions contradictoires dans les différents ouvrages qui traitent de ces questions.

 
Table tournante
Table tournante
 

Certains médium très-développés, étant en rapports constants avec les esprits, obtiennent presque toujours, partout où ils se trouvent, qu’ils se manifestent à leur volonté. Mais la méthode suivie habituellement pour provoquer ces manifestations consiste à former des cercles spirituels qui, au dire des esprits, servent singulièrement à faciliter leurs rapports avec les vivants. Pour cela, quelques personnes ayant, autant que faire se peut, la même manière de voir sur ces questions, et bien disposées, c’est-à-dire prêtes à servir aux esprits d’instruments passifs, se réunissent autour d’une table, de préférence en compagnie d’un ou de plusieurs médium, s’il s’en trouve dans la localité : là elles attendent, en se tenant ou non par la main, et en fixant leur pensée commune sur ces questions, par des lectures ou des chants, ou simplement en gardant le silence, que les esprits manifestent leur présence de façon ou d’autre. Souvent ce n’est qu’après plusieurs séances, de plusieurs heures chacune, que de très-légers coups, qui se font entendre sur la table ou ailleurs, annoncent que leur désir est exaucé. Quelquefois aussi, et cela paraît dépendre surtout de l’état physique ou moral des personnes qui composent le cercle, ou même simplement de celles qui sont présentes, aucune manifestation ne s’obtient, quelque temps que l’on prolonge les séances ; et l’on voit fréquemment les esprits refuser de rien faire ou dire jusqu’à ce qu’une personne qui leur déplaît soit sortie de l’appartement. Dans d’autres cas, au contraire, la présence des esprits s’est, à la grande frayeur des assistants, manifestée subitement par des coups terribles, dans des cercles formés par des incrédules et par façon de plaisanterie.

Mais depuis que ces manifestations se sont multipliées, les esprits ont adopté différents autres modes de communication beaucoup plus simples, pour lesquels les médium eux-mêmes leur servent d’instrument direct.

Indépendamment des rapping médium, c’est-à-dire de ceux en présence desquels des coups se font entendre, on en voit qui, sous l’influence des esprits, tombent subitement dans des états nerveux tout à fait semblables à ceux que produit souvent le magnétisme, et qui deviennent alors de véritables automates, des membres et des organes desquels les esprits disposent à volonté. Dans cet état, les médium répondent aux questions verbales ou même mentales adressées aux esprits par des mouvements spasmodiques et involontaires, soit en frappant des coups avec la main, soit en faisant des signes de tête ou de corps, soit en indiquant du doigt sur un alphabet des lettres successives avec une rapidité telle qu’il est souvent difficile de les suivre.

D’autres, les writing médium, sentent tout à coup leur bras saisi d’une roideur tétanique, et armés d’une plume ou d’un crayon, ils servent aux esprits d’instruments passifs pour écrire ou dessiner les choses qu’ils veulent faire connaître, et parfois des volumes entiers, sans que la plupart du temps leur intelligence soit en jeu.

Il est des esprits qui, par l’intermédiaire de leurs médium, décrivent les maladies, en prévoient les crises, en indiquent le traitement et