Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal.pdf/664

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
TEP
TÊT
― 656 ―

selon les diverses personnes et dans les diverses circonstances, il a besoin de divers moyens, il se sert aussi quelquefois des calamités et des maux de la vie pour les accabler de tristesse, les réduire au désespoir et les empêcher, par la multitude de leurs maux, d’avoir le temps de penser à se convertir ; enfin, tout lui est bon pour se conserver l’empire de ceux qu’il tient en sa possession, se réservant en l’autre vie de leur faire sentir la dureté de son joug. »

Tephramancie, divination pour laquelle on se servait de la cendre du feu qui, dans les sacrifices, avait consumé les victimes.

Tératoscopie, divination qui tire des présages de l’apparition de quelques spectres vus dans les airs, tels que des armées de cavaliers et autres prodiges dont parlent les chroniqueurs.

Terragon. Dans un pamphlet contre Henri III, qui parut en 1589 sous le titre de Remontrances à Henri de Valois sur les choses horribles envoyées par un enfant de Paris, on lisait ce qui suit : « Henri, lorsque vous donnâtes liberté à tous sorciers et enchanteurs et autres divinateurs de tenir libres écoles aux chambres de votre Louvre et même dans votre cabinet, à chacun d’iceux une heure le jour, pour mieux vous instruire, vous savez qu’ils vous ont donné un esprit familier, nommé Terragon. Vous savez qu’aussitôt que vous vîtes Terragon, vous l’appelâtes votre frère en l’accolant… » On ajoutait sur ce démon familier des choses détestables. « Vous savez, Henri, que Terragon vous donna un anneau, et que dans la pierre de cet anneau votre âme était figurée… »

Ces singularités ne viennent que d’un pamphlet. Mais toutefois Henri III était fort superstitieux et s’occupait de magie. Voy. Henri III.

Terre. Félix Nogaret a exploité une opinion bizarre de quelques philosophes dans un petit ouvrage intitulé La terre est un animal, in-16. Versailles, an III. Lyon possède un astronome qui met en avant une autre théorie. Il prétend que la terre est une éponge qui se soulève et qui s’abaisse chaque jour au-dessus et au-dessous du soleil, de manière à former les jours et les nuits. Les éclipses sont impossibles, d’après son système, puisque les astres sont immobiles. Nous oublions de dire que, selon lui, la terre respire à la manière des éléphants : les volcans sont ses narines. Par le temps de professions de foi qui court, disait l’Union catholique[1], il ne serait peut-être pas déplacé que l’illustre auteur de cette belle découverte formulât son système de la terre-éponge.

Les Orientaux disent que l’herbe est la chevelure de la terre et le zéphyr le peigne qui la démêle.

Terrestres ou souterrains, espèce de démons que les Chaldéens regardaient comme menteurs, parce qu’ils étaient les plus éloignés de la connaissance des choses divines. Voy. Souterrains.

Terreurs paniques. Un cavalier pariait qu’il irait, la nuit, donner la main à un pendu. Son camarade y court avant lui, pour s’en assurer. Le cavalier arrive bientôt, tremble, hésite ; puis, s’encourageant, prend la main du pendu et le salue. L’autre, désespéré de perdre la gageure, lui donne un grand soufflet, tellement que celui-ci, se croyant frappé du pendu, tombe à la renverse et meurt sur la place. Voy. Retz, Frayeur, Revenants, etc.

Terrier, démon invoqué dans les litanies du sabbat.

Tervagant, démon fameux au moyen âge, comme protecteur des Sarasins.

Tervilles, démons qui habitent la Norvège avec les drolles. Ils sont méchants, fourbes, indiscrets et font les prophétiseurs[2].

Tespesion, enchanteur qui, pour montrer qu’il pouvait enchanter les arbres, commanda à un orme de saluer Apollonius de Tyane ; ce que l’orme fit d’une voix grêle[3].

Tête. M. Salgues cite Phlégon, qui rapporte que, un poète, nommé Publius, ayant été dévoré par un loup, qui ne lui laissa que la tête, cette tête, saisie d’un noble enthousiasme, articula vingt vers qui prédisaient la ruine de l’empire romain. Il ci te encore Aristote, qui atteste que, un prêtre de Jupiter ayant été tué, sa tête, séparée de son corps, nomma son meurtrier, lequel fut arrêté, jugé et condamné sur ce témoignage. Voy. Polycrite.

Tête de Bophomet. M. de Hammer a publié, en 1818, une découverte intéressante pour l’histoire des sociétés secrètes. Il a trouvé, dans le cabinet des antiquités du Muséum impérial de Vienne, quelques-unes de ces idoles nommées têtes de Bophomet que les templiers adoraient. Ces têtes représentent la divinité des gnostiques, nommée Mêté ou la Sagesse. On y trouve la croix tronquée ou la clef égyptienne de la vie et de la mort, le serpent, le soleil, la lune, l’étoile du sceau, le tablier, le flambeau à sept branches et d’autres hiéroglyphes de la franc-maçonnerie. M. de Hammer prouve que les templiers, dans les hauts grades de leur ordre, abjuraient le christianisme et se livraient à des superstitions abominables. Les templiers et les francs-maçons remontent, selon lui, jnsqu’au gnosticisme, ou du moins certains usages ont été transmis par les gnostiques aux templiers, et par ceux-ci aux francs-maçons.

On garda longtemps à Marseille une de ces têtes dorées, saisie dans un retrait de templiers lorsqu’on fit leur procès.

  1. 16 juillet 1842.
  2. Leloyer, Histoire des spectres ou apparitions, etc., liv. VI, p. 329.
  3. Jacques d’Autun, l’Incrédulité savante.