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Turpin, archevêque de Reims, mêlé dans toutes les chroniques de Charlemagne à la vie ou plutôt aux légendes de ce grand homme. On a conservé sous son nom une vision qu’il aurait eue, étant à Vienne, en Dauphiné, d’une troupe de démons qui s’en allaient vivement se saisir de l’âme de Charlemagne ou qui du moins se flattaient de cet espoir. Mais, peu après il les vit s’en revenant l’oreille basse de n’avoir pas réussi[1].

Tvardowski, magicien polonais qui semble un type du Faust allemand.

Tybilenus, nom du mauvais génie chez les Saxons.

Tylwyth-Teg (la belle famille). On donne ce nom dans le pays de Galles à une peuplade de petites fées qui viennent la nuit dans les fermes et rendent de bons offices aux ménages où il y a de l’ordre et de la propreté. Elles ont pour opposés les Ellyllons, lutins malicieux qui font des tours aux maisons mal tenues et aux mauvais serviteurs.

Tympanites, variété des vampires. Voyez Huet.

Tympanon, peau de bouc dont les sorciers font des outres où ils conservent leur bouillon. Voy. Sabbat.

Tyre, sorte d’instrument dont les Lapons se servent pour leurs opérations magiques. Scheffer nous en fournit la description : Cette tyre n’est autre chose qu’une boule ronde, de la grosseur d’une noix ou d’une petite pomme, faite du plus tendre duvet, polie partout y et si légère qu’elle semble creuse. Elle est d’une couleur mêlée de jaune, de vert et de gris ; le jaune y domine. On assure que les Lapons vendent cette tyre, qu’elle est comme animée, qu’elle a du mouvement ; en sorte que celui qui l’a achetée la peut envoyer en qualité de maléfices sur qui il lui plaît. La tyre va comme un tourbillon. S’il se rencontre en son chemin quelque chose d’animé, cette chose reçoit le mal qui était préparé pour une autre.




U

Ukobach, démon d’un ordre inférieur. Il se montre, toujours avec un corps enflammé ; on le

 
Ukobach
Ukobach
 


dit inventeur des fritures et des feux d’artifice. Il est chargé par Belzébuth d’entretenir l’huile dans les chaudières infernales.

Universités occultes. « Il existait un homme à qui Catherine de Médicis tenait autant qu’à ses enfants : cet homme était Cosme Ruggieri, qu’elle logeait à son hôtel de Soissons et dont elle avait fait un conseiller suprême, chargé de lui dire si les astres, ratifiaient les avis et le bon sens de ses conseillers ordinaires. De curieux antécédents justifiaient l’empire que ce Ruggieri conserva sur sa maîtresse jusqu’au dernier moment. Un des plus savants hommes du seizième siècle fut certes le médecin de Laurent de Médicis, duc d’Urbin, père de Catherine. Ce médecin fut appelé Ruggieri le vieux (vecchio Ruggier, et Roger l’Ancien chez les auteurs français qui se sont occupés d’alchimie), pour le distinguer de ses deux fils, Laurent Ruggieri, nommé le grand par les auteurs cabalistiques, et Cosme Ruggieri, l’astrologue de Catherine, également nommé Roger par plusieurs historiens français. Ruggieri le vieux était si considéré dans la maison de Médecis que les deux ducs, Cosme et Laurent, furent les parrains de ses deux enfants. Il dressa, de concert avec le fameux mathématicien Bazile, le thème de nativité de Catherine, en sa qualité de mathématicien, d’astrologue et de médecin de la maison de Médecis ; trois qualités qui se confondaient souvent.

» À cette époque, les sciences occultes se cultivaient avec une ardeur qui peut surprendre les esprits incrédules de notre siècle si souverainement analyseur ; mais peut-être verront-ils poindre dans ce croquis historique le germe des sciences positives, épanouies au dix-neuvième siècle, sans la poétique grandeur qu’y portaient les audacieux chercheurs du seizième siècle  ; lesquels, au lieu de faire de l’industrie, agrandissaient l’art et fertilisaient la pensée. L’universelle

  1. Voyez cette vision dans les Légendes de l’autre monde.