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après midi, que la fumée commença à sortir du haut d’icelle et dura un quart d’heure ; et du même endroit commença le feu à paraître peu à peu, en augmentant toujours ainsi qu’il dévalait du haut en bas ; tellement qu’il se fit si grand et si épouvantable que l’on craignait que toute l’église ne fût brûlée, et non seulement l’église, mais toute la ville. Les trésors de ladite église furent tirés hors, les processions allèrent à l’entour, et finalement on fit mettre des reliques saintes Sur la nef de l’église, au-devant du feu. Messieurs du chapitre commencèrent à conjurer ce méchant démon que chacun voyait dans le feu, tantôt bleu, vert ou jaune. Ils jetèrent des agnus Dei dans icelui et près de cent cinquante barriques d’eau, quarante ou cinquante charretées de fumier, et néanmoins le feu continuait. Pour, dernière ressource, on fit jeter un pain de seigle de quatre sous, puis on prit de l’eau béni le avec du lait d’une, femme nourrice de bonne vie, et tout cela jeté dedans le feu, tout aussitôt le démon fut contraint de quitter la flamme, et avant de sortir il fit un si grand remue-ménage, que l’on semblait être tous brûlés et qu’il devait emporter l’église et-tout avec lui ; il ne s’en alla qu’à six heures et demie du soir, sans avoir fait autre mal, Dieu merci, que la totale ruine de ladite pyramide, qui est de douze mille écus au moins. Ce méchant étant hors, on eut raison du feu, et peu de temps après on trouva encore ledit pain de seigle en essence, sans être endommagé, hors que la croûte était un peu noire ; et sur les huit ou neuf heures et demie, après que tout le feu fut éteint, la cloche sonna pour amasser le peuple, afin de rendre grâces à Dieu. Messieurs du chapitre, avec les choristes et musiciens, chantèrent un Te Deum et un Stabat Mater dans la chapelle de la Trinité, à neuf heures du soir. Grâces à Dieu, il n’est mort personne ; mais il n’est pas possible de voir chose plus horrible et épouvantable qu’était ce dit feu. »

Effroyable rencontre apparue proche le château de Lusignan, en Poitou, aux soldats de la garnison du lieu et à quelques habitants de ladite ville, la nuit du mercredi 22 juillet 1620. À Paris, chez Nicolas Robert, rue Saint-Jacques ; 1620.

« La nuit du mercredi 22 juillet, apparurent entre le château de Lusignan et la Fare, sur la rivière, deux hommes de feu extrêmement puissants, armés de toutes pièces, dont le harnais était enflammé, avec un glaive en feu dans une main et une lance flambante dans l’autre, de laquelle dégouttait du sang. Ils se rencontrèrent et se combattirent longtemps, tellement qu’un des deux fui blessé, et en tombant fit un si horrible cri qu’il réveilla plusieurs habitants de la haute et basse ville et étonna la garnison. Après ce combat, parut comme une souche de feu qui passa la rivière et s’en alla dans le parc, suivie de plusieurs monstres de feu semblant des singes. Des gens qui étaient allés chercher du bois dans la forêt rencontrèrent ce prodige, dont ils pensèrent mourir, entre autres un pauvre ouvrier du bois de Galoche, qui fut si effrayé qu’il eut une fièvre qui ne le quitta point. Comme les soldats de la garnison s’en allaient sur les murs de la ville, il passa sur eux une troupe innombrable d’oiseaux, les uns noirs, les autres blancs, tous criant d’une voix épouvantable. Il y avait des flambeaux qui les précédaient et. Une figure d’homme qui les suivait faisant le hibou. Ils furent effrayés d’une telle vision, et il leur tardait fort qu’il fût jour pour la raconter aux habitants. — Voici (ajoute le narrateur) l’histoire, que j’avais à vous présenter, et vous me remercierez et serez contents de ce que je vous donne pour vous, avertir de ce que vous pouvez voir quand vous allez la nuit dans les, champs. »

Description d’un signe qui a été vu-ait ciel le cinquième jour de décembre dernier en la ville d’Altorff, au pays de Wurtemberg, en Allemagne ; imprimée à Paris, rue Saint-Jacques, à l’Éléphant, devant les Mathuirins, 1678, avec privilège du roi.

« Guicciardin écrit en son histoire italique que sur la venue du petit roi Charles VIII à Naples, outre les prédictions du frère Hiérôme Savonarole, tant prêchées au peuple que révélées au roi même, apparurent en la Pouille, de nuit, trois soleils au milieu du ciel, offusqués de nuages à l’entour, avec force tonnerres et éclairs ; et vers Arezzo furent vues en l’air de grandes troupes de gens armés à cheval, passant par là avec grand bruit et son des tambours et trompettes ; et en plusieurs parties de l’Italie, maintes images et statues suèrent, et divers monstres d’hommes et d’animaux naquirent, de quoi le pays fut épouvanté. On vit depuis la guerre qui advint au royaume de Naples, que les Français conquirent et puis perdirent. — En la ville d’Altorff, au pays de Wurtemberg, en Allemagne, à une lieue de la ville de Tubingue et aux environs, on a vu, le cinquième jour de décembre 1577, environ sept heures du matin, que le soleil commençant à se lever n’apparaissait pas en sa clarté et splendeur naturelle, mais montrait une couleur jaune, ainsi qu’on voit la lune quand elle est pleine, ressemblait au rond d’un gros tonneau, et reluisait, si peu qu’on le pouvait regarder sans s’éblouir les yeux. Bientôt après il s’est montré à l’entour aillant d’obscurité que s’il s’en fût suivi une éclipse, et le soleil s’est couvert d’une couleur plus rouge que du sang, tellement qu’on ne savait pas si c’était le soleil ou non. Incontinent après, on a vu deux soleils, l’un rouge, l’autre jaune, qui se sont heurtés et battus : cela a duré quelque peu de temps, où l’un des soleils s’est évanoui, et on

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