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Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal.pdf/706

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VOY
WAK
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Voyages des sorcières. Si elles vont au sabbat portées par un bouc ou par un mouton noir ou par un démon, dans leurs autres excursions elles ne voyagent généralement qu’à cheval sur un manche à balais.

Vroucolacas ou Broucolaques. V. Vampires.

Vue. Il y a des sorcières qui tuent par leur regard ; mais, en Écosse, beaucoup de femmes ont ce qu’on appelle la seconde vue, c’est-à-dire le don de prévoir l’avenir et de l’expliquer, et de connaître par une mystérieuse intuition ce qui se passe au loin. Voy. Yeux.



W

Waeter-Elves (fées des eaux). On les trouve dans les récits des marins, qui croient se les rendre favorables en leur sifflant des airs monotones.

Wakeman (Rhoda), illuminée qui a fait grand bruit à New-Haven, il y a quelques années. Elle se disait envoyée de Dieu sur la terre pour annoncer la venue prochaine du Christ, et y ouvrir le Millenium. Elle se vantait de recevoir quelquefois la visite du Saint-Esprit, et d’être honorée de temps en temps des révélations de Dieu, Ces prétentions, disent les journaux qui nous guident, ne lui ont encore attiré, quoiqu’elle prêche en Amérique, que dix à douze disciples, mais quels disciples !… Suivons maintenant les feuilles publiques :

 
Voyages des sorcières.
Voyages des sorcières.
Voyages des sorcières.
 

« La petite congrégation a l’habitude de se réunir pour prier et pour divaguer chez la prophétesse Wakeman. Mathews était un des adeptes les plus fervents de cette église ; toutefois, on avait remarqué que, depuis quelque temps, il était moins assidu aux réunions, et la femme Wakeman lui avait persuadé qu’il était possédé de l’esprit malin, du vieil homme dont parle l’Écriture. Cet esprit, disait-elle, agissait aussi sur elle-même, la tourmentait, lui faisait éprouver de vives douleurs, et il était en même temps un obstacle au commencement immédiat du Millenium. Il était à craindre qu’il la fît mourir…, ce qui amènerait de suite le jugement dernier, sans aucune espèce de Millenium !

» Voilà la folie ; voici comment elle a pu s’exalter jusqu’au crime.

» On est parvenu à persuader à Mathews qu’il fallait, par tous les moyens possibles, faire sortir, ce malin esprit de son corps. Il se rendit donc un dimanche soir chez la vieille Wakeman, afin de se soumettre à tout ce que pourraient tenter les adeptes de cette singulière croyance. Il y arriva vers onze heures et y trouva, qui attendaient son arrivée, d’abord la vieille prophétesse, puis les époux Sanford, qui sont son beau-frère et sa sœur ; Julia Davis, sœur de Sanford ; Abigail-Sables ; un homme de couleur nommé Josiah Jackson, Hersey, Wooding et Samuel Sly, frère utérin de la femme Wakeman. Ils étaient tous en prières quand il arriva.

» Sa sœur, la femme Sanford, vint au-devant de lui et le conduisit dans une autre chambre dans laquelle on avait préparé du feu pour le recevoir. Il s’assit, ôta ses bottes pour se chauffer, et une longue conversation s’engagea entre lui et sa sœur sur l’objet de sa visite ; il exprima un ardent désir d’être débarrasse de l’esprit malin qui l’obsédait et qui agissait sur les autres, et notamment sur la digne mistress Wakeman. Il se laissa bander les yeux avec un mouchoir, et attacher les mains derrière le dos avec une petite corde. Cette double opération fut faite par sa sœur, qui lui dit que c’était afin d’avoir plus de pouvoir sur l’esprit et d’empêcher Mathews d’opérer des enchantements par les yeux. On le laissa dans cette situation jusque vers deux heures du matin, et pendant ce temps il reçut la visite de plusieurs de ses coreligionnaires, qui venaient le supplier de faire déguerpir l’esprit malin.

» De temps en temps on lui criait de la chambre du haut, ou se tenait le cénacle, que l’esprit obsédait la femme Wakeman, qu’il la frappait, et que, s’il ne le chassait pas, l’esprit allait la tuer. On lui disait aussi qu’il vaudrait mieux qu’il