Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal.pdf/719

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
ZAB
ZAH
— 711 —

dans lesquelles il a soin de faire expressément mention du motif qui amène les suppliants dans la forêt consacrée aux dieux. Le repas fini, chacun s’éloigne ; les bâtons fixés dans la terre autour de l’arbre ainsi que le lingot d’étain et les rubans d’écorce restent à leurs places ; on n’emporte que les restes des cierges.

Les grandes fêtes célébrées, tantôt à un an, tantôt a deux, trois et même quatre années d’intervalle, sont désignées sous le nom de Youman-Bairam, et les prêtres ont toutes sortes de moyens de deviner l’époque à laquelle il convient d’offrir un pareil hommage aux dieux. Une des manières les plus usitées de consulter le sort est de jeter des fèves par terre, et les prêtres jugent, d’après la manière dont elles tombent, si le moment est favorable ou non. Les rites du Youman-Bairam diffèrent de ceux des sacrifices expiatoires que nous venons de décrire, surtout en ce qu’on allume alors dans la forêt sacrée jusqu’à sept feux, dont le premier est consacré à Youma, le second à Youman-Ava, et les autres aux divinités inférieures. Chacun de ces feux est placé sous la garde d’un kort, d’un mouschane ou d’un oudsché : noms sous lesquels sont désignés les prêtres de différents degrés.

Quelquefois aussi, surtout lorsque quelqu’un de la famille est dangereusement malade, on se réunit pour apaiser le Schaïtane, le génie du mal, par un sacrifice. En conduisant à la forêt la victime qu’on a choisie, et qui est toujours un poulain, on se fait un devoir de le battre, de le maltraiter de toutes les manières, et aussitôt qu’on arrive sur les lieux consacrés à cet usage, on enferme le poulain dans une espèce de petite caisse quadrangulaire qu’on couvre de bois, de broussailles et de paille, et, après y avoir mis le feu de tous les côtés à la fois, tout le monde s’enfuit en poussant des cris. Quelque temps après on revient pour arracher du corps de la victime étouffée ainsi trois côtes et le foie qu’on donne à manger au malade. Le reste est enterré sous les cendres. Nous ajouterons encore que le nom de kérémet, que les Tchérémisses donnent aux forêts sacrées, a pour eux quelque chose de terrible ; prêts à jurer par leurs dieux, ils ne peuvent jamais se résoudre à jurer par le kérémet.


Z

Zabulon, démon qui possédait une sœur laie de Loudun.

Zacharie. Revenant prétendu. Voy. Bietka.

Zacoum, arbre de l’enfer des mahométans, dont les fruits sont des têtes de diables.

Zaebos, grand comte des enfers. Il a la figure

 
Zaebos
Zaebos
 
d’un beau soldat monté sur un crocodile ; sa tête est ornée d’une couronne ducale, Il est doux de caractère…

Zagam, grand roi et président, de l’enfer. Il a l’apparence d’un taureau aux ailes de griffon. Il change l’eau en vin, le sang en huile, l’insensé en homme sage, le plomb en argent et le cuivre en or. Trente légions lui obéissent[1].

Zahuris ou Zahories. Les Français qui sont allés en Espagne racontent des faits très-singuliers sur les zahuris, espèces de gens qui ont la vue si subtile qu’ils voient sous la terre les veines d’eau, les métaux, les trésors et les corps privés de vie. On a cherché à expliquer ce phénomène par des moyens naturels. On dit que ces hommes reconnaissaient les lieux où il y avait des sources par les vapeurs qui s’en exhalaient, et qu’ils suivaient la trace des mines d’or et d’argent ou de cuivre par les herbes qui croissaient sur la terre dont elles étaient recouvertes. Mais ces raisons n’ont point satisfait le peuple espagnol ; il a persisté à croire que les zahuris étaient doués de qualités surhumaines, qu’ils avaient des rapports avec les démons, et que, s’ils le voulaient, ils sauraient bien, indépendamment des choses matérielles, découvrir les secrets et les pensées qui n’ont rien de palpable pour les grossiers et vulgaires mortels. Au reste les zahuris ont les yeux ronges, et, pour être zahuri, il faut être né le vendredi saint.

  1. Wierus, Pseudomonarchia dæmon.