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ressort de l’augure ; 7o un chat qui, contre la coutume, entrait dans la chambre par un trou ; dans ce cas, il était pris pour un mauvais génie, dans ce cas, il était pris pour un mauvais génie, ainsi que tout autre animal qui se présentait de la même manière ; 8o une chandelle ou un flambeau qui s’éteignait de lui-même, ce que l’on croyait un fait de quelque démon ; 9o le feu qui pétillait ; les anciens croyaient là entendre parler Vulcain ; 10° le feu qui étincelait extraordinairement ; 11° le feu qui bondissait d’une manière singulière ; les anciens s’imaginaient que les lares l’agitaient ; 12° enfin, une tristesse subite et tout événement fâcheux que l’on apprenait contre toute attente.

Et maintenant dans ce livre, où nous démasquons toutes les erreurs, autant que le permettent nos humbles lumières, ne dirons-nous rien des querelles singulières qui se sont élevées à propos du zodiaque de Denderah et de quelques autres zodiaques égyptiens ? Les philosophes, qui ont enfanté tous les égarements de l’esprit humain, comme il ne serait pas difficile de le démontrer, ont reçu de nos jours bien des échecs ; ils en recevront encore jusqu’à ce qu’ils reconnaissent, si c’est possible, dans les conditions de leur pauvre orgueil, qu’on ne trouve guère la vérité hors des enseignements de l’Église. Les luttes contre le Pentateuque n’ont laissé dans ses adversaires que des vaincus. Les plus fiers combattants étaient deux astronomes, gens dont la science est moins fixée peut-être que le magnétisme, aux bases si incertaines. Ces astronomes, Bailly et Dupuis, comme les Titans qui s’étaient promis d’escalader le ciel, ont entassé paradoxes sur systèmes, conjectures sur présomptions, suppositions sur bévues, inductions sur fantômes, aberrations sur mauvais vouloirs pour asseoir un piédestal à une antiquité du monde qui pût contredire les livres divins.

Bailly crut démontrer que le zodiaque de Denderah était antérieur au déluge ; Dupuis, plus acharné, car ce n’était là ni la hardiesse ni l’intérêt de la science, Dupuis s’épuisa en longues veilles, en travaux ardus, qui lui ont coulé assurément bien des sueurs, pour établir que le zodiaque égyptien était antérieur de treize mille ans à Jésus-Christ. Pauvre homme qui se frottait les mains d’un tel triomphe !

Mais les savants sérieux sont venus bientôt, les savants sans passion, les savants qui recherchent la vérité. Les Visconti, les Testa, les Champollion, les Letronne ont ramené la question aux faits réels ; ils ont prouvé de la manière la plus incontestable que les Égyptiens ni les Indiens n’avaient inventé le zodiaque, qu’ils l’avaient reçu des Grecs, lesquels le tenaient des Hébreux ; que le zodiaque de Denderah était un ouvrage du règne de Néron, et que les interprétations astronomiques au moyen desquelles Dupuis, dans le fatras indigeste et infâme qu’il a intitulé Origine de tous les cultes, a voulu démolir nos dogmes, n’ont pas le moins du monde l’antiquité qu’il leur prête, n’ayant été imaginées que par Macrobe et ses contemporains, lorsque le paganisme, honteux, devant les premiers chrétiens, de sa grossière théogonie, chercha à la colorer de ce vernis pour en rougir un peu moins[1].

Zodiaque de Jacob. Un jeune savant anglais, Arthur Lumley Davids, trop tôt enlevé aux sciences et aux lettres, nous a légué une observation ingénieuse sur les connaissances astronomiques des anciens Hébreux. Le songe de Joseph et la bénédiction de Jacob, dit-il, ne laissent aucun doute de la connaissance du zodiaque parmi les anciens Hébreux. Le songe de Joseph est exprimé par les images du soleil, de la lune et des onze constellations qui s’inclinent devant lui, la douzième. Ces constellations ainsi réunies ne peuvent signifier que les signes du zodiaque dans les limites desquelles se retrouvent toujours le soleil et la lune. L’historien sacré nous dit qu’après le récit de son fils, Jacob en garda le souvenir, et rien ne le prouve mieux que les dernières paroles du saint patriarche à ses fils.

Les images dont Jacob s’est servi pour exprimer les destinées diverses de sa postérité sont prises de ces mêmes signes du zodiaque auxquels Joseph avait fait allusion, avec cette seule différence qu’ici les signes eux-mêmes sont nommés et décrits. Ruben comparé à l’eau inconstante est le Verseau ; Siméon et Lévi sont réunis ensemble avec l’observation qu’ils sont frères, et figurent les Gémeaux ; Judas est le Lion ; Zabulon, qui habite les ports de mer, en représente la production : le Cancer ; Issachar est probablement le Taureau, les Septante l’ont même traduit par Aner Georgos, le cultivateur du sol. Les signes appliqués à Dan montrent évidemment l’identité de nos signes du zodiaque avec ceux des anciens Hébreux ; les trois signes dans lesquels Dan est représenté se suivent dans la même position que dans nos zodiaques. La Balance est l’attribut de Dan, en sa qualité de juge, puis comme Scorpion : « Il mord le talon du cheval et le cavalier est renversé. » C’est exactement la position de notre Scorpion à l’égard du Centaure, qui représente le Sagittaire. Gad l’archer est le Sagittaire. Asher, aux mets succulents, représente les Poissons ; Nephthali est le Bélier ; Joseph, la vigne féconde, est la Vierge ; Benjamin enfin est comparé au loup qui dans l’antiquité occupait la place du Capricorne ; même dans des temps plus récents on voit à ce signe un Pan avec une tête de loup. Les Hébreux auraient ainsi connu la sphère plus de deux mille ans avant l’ère chrétienne. Il y a peu de doute

  1. Voyez M. Letronne, Sur l’origine grecque des prétendus zodiaques égyptiens. Voyez aussi la brochure de M. Testa sur les zodiaques.
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