Page:Jacques Danguy - Constructions rurales.djvu/34

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causés par la pluie. Le semis a l’inconvénient de laisser les talus pendant plusieurs mois sans protection efficace, aussi faut-il avoir recours au gazonnement direct dans bien des cas, notamment pour les talus à forte pente ; autrement on est exposé à avoir à les refaire partiellement après l’hiver. Le gazonnement se fait au moyen de gazon provenant d’une prairie, qui a pu être louée spécialement pour cet usage. Les ouvriers découpent la prairie en bandes de 25 centimètres de largeur en se servant de bêches et en s’aidant de cordeaux ; s’ils sont habiles, ils décollent ensuite avec leurs bêches ces bandes qu’ils soulèvent et roulent sur elles-mêmes ; lorsque les rouleaux ainsi formés ont un diamètre suffisant, en passant au milieu de chacun d’eux un manche en bois, deux d’entre eux peuvent facilement les enlever pour les transporter. Quand on ne peut disposer que d’ouvriers peu expérimentés, ou lorsque l’état du gazon ne permet pas de l’enlever en bandes, on est obligé de le découper en plaques carrées ayant 25 centimètres de côté. Il n’est pas utile, pour obtenir un bon gazonnément et une protection efficace des talus, de les recouvrir entièrement de gazon, il suffit de disposer celui-ci en lignes horizontales en laissant 10 ou 15 centimètres d’écartement entre les lignes de plaques, de manière à engazonner environ 70 mètres superficiels de talus avec 50 mètres carrés de gazon ; il faut seulement avoir soin de commencer le travail par la partie inférieure des remblais et de croiser les joints des plaques pour empêcher l’eau de ruisseler facilement entre elles. Enfin, pour en faciliter la reprise, il est bon de tasser à la batte les carrés de gazon et parfois même de les arroser ; on peut également augmenter la vigueur du jeune gazon en répandant à sa surface un peu de terreau.

Lorsque le remblai est destiné à former un barrage ou une digue, on est quelquefois obligé, pour le rendre étanche, de faire un corroi d’argile, et, du côté de l’eau, une pierrée pour le protéger contre le batillage de l’eau. Le corroyage d’une digue est une opération coûteuse et délicate, aussi préfère-t-on souvent le remplacer par un revêtement en maçonnerie : il se fait en ménageant dans l’épaisseur du remblai, et dans toute sa longueur, une fosse dans laquelle on dispose des couches soi-