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Scène X.

Les Mêmes, QUATRE FOLIES, UNE BOHÉMIENNE.
DEUX FOLIES, entrant par la gauche en sautant et agitant leur marotte.
–––––––Oui, nous sommes des folies,
–––––––Arrivant d’Espagne ici.
DEUX AUTRES FOLIES, entrant par la droite.
–––––––Allons, beautés si jolies,
–––––––Soyez donc folles aussi !…
UNE DES FOLIES.
–––––––Ralliez-vous aux tins tins
–––––––De nos grelots argentins.
UNE AUTRE.
––––––En attendant, la bohémienne
–––––––Soyez à notre merci !
LE CHŒUR.
––––––La Bohémienne ! la Bohémienne !
–––––––––––Qu’elle vienne !…
–––––––––––La voici !…
LA BOHÉMIENNE, un tambour de basque à la main
I
–––––––Je viens, de bien loin d’ici.
–––––––––Je viens de Bohême !
–––––––Voyez, je suis reine aussi,
––––––––Au pays des sorciers,
–––––––––Pays des folies,
–––––––On en fait par milliers.
–––––––––Toutes sont jolies !
–––––––––La ! la ! la ! la !
LES FOLIES.
–––––––En ces lieux, vit-on jamais,
–––––––––Pareille allégresse ?
–––––––Comme elle est pleine d’attraits,
–––––––––Cett’ enchanteresse !

(Elles dansent.)

LA BOHÉMIENNE.
II
–––––––Courant par monts et par monts
–––––––––Après la fortune
–––––––Je fais des traits aux démons,
–––––––––Des trous à la lune !
–––––––––Au pays des sorciers,
–––––––––Pays, etc, etc.
CHARLES MARTEL.
––––Fille d’enfer, dissipe nos alarmes,
––––Je viens à toi, captivé par tes charmes,
––––Enfant de Mars, ah ! je te rends les armes.
–––––––––Je cède au pouvoir,
–––––––––De ton grand savoir
–––––––––De ton infernal savoir !

(Danse générale, danse réglée.)

CHŒUR.

(Pendant la danse.)

––Amis, faisons vibrer sous ces dômes brillants
––––––––Nos chœurs les plus bruyants ;
––Que nos voix en délire excitent nos transports,
––––––––Ayons le diable au corps !
––––––––Au pays des sorciers, etc.

(La danse est interrompue par un bruit de fanfares annonçant l’arrivée de Sifroid. Stupéfaction de Golo.)


Scène XI.

Les Mêmes, SIFROID, GENEVIÈVE.
SIFROID.

(Il arrive vêtu en Turc, portant un sac de soldat et un rouleau de fer blanc au côté.)

GOLO.

Ciel ! lui ! Sifroid !

SIFROID.
I
––––––––Je viens de la Tur (Bis.)
––––––––Je viens de la Turquie,
––––––––Rapportant le sac (Bis.)
––––––––Avec la buffleterie !
––––Ayant rossé les plus fameux guerriers,
––––Couverts de laur… oui de lauriers.
II
––––––––Je rentre en mon do… (Bis.)
––––––––Je rentre en mon domaine,
––C’est le dieu d’amour, qui vers vous me ramène.
––––Courbez le front à mon superbe aspect,
––––Rendez la toque avec votre respect !

Ah ! ça mais le portier ne m’avait donc pas trompé ! on fait la noce ici ! tout le monde danse jusqu’à l’anse du panier, pendant que je guerroye contre les infidèles, et que je me couvre de lauriers et de turbans !… Jour de Dieu ! vous ne m’attendiez pas ! Golo ! amour de Chérubin !… Golo !… ah ! te voici. (Il tombe dans ses bras)

GOLO.

Seigneur !…

SIFROID.

Qu’as-tu fait de la toque antique et de la clé de mon armoire à glace ?

GOLO.

Votre toque, je l’ai donnée à rétamer ; quant à la clé de votre armoire à glace, elle avait un rat, elle est chez le serrurier.

SIFROID.

Chez le serrurier ? Et mon billet de 25 francs, l’as-tu payé ?

GOLO.

Mais…

SIFROID.

Tu mens ! voilà le protêt !

GOLO.

Gueux d’huissier !