Page:Jal - Glossaire nautique, 1848.djvu/13

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de cet ouvrage : nous ne présenterons cependant pas ici la liste fastidieuse des manuscrits que nous avons dépouillés aux Archives du royaume, dans les bibliothèques de Paris, aux archives des notaires de Gènes, dans les bibliothèques de Genève, de Milan, de Venise, de Gènes, de Florence, de Naples, de Rome et d'Ancône; dans les archives municipales de Toulon et de Marseille, dans celles de nos ports de Normandie et de Bretagne, etc., etc.

Les deux voyages que nous avons faits en Italie nous ont procuré des richesses considérables, qui sont venues accroître un fonds immense composé de passages extraits de nos lectures d'historiens et de chroniqueurs, tant français qu'étrangers. Nous devons beaucoup de textes aux collections diplomatiques et aux recueils des lois maritimes; nous n'en devons pas moins à du Cange et à ses continuateurs.

Et puisque nous parlons de du Cange, pourquoi ne dirions-nous pas que son Glossaire de la basse latinité [11] a été l'un des modèles que nous nous sommes proposé? L'autre, c'est l'excellent Dictionnaire anglais de Noah Webster [12]. Nous n'avons pas l'espoir d'avoir fait aussi bien que Webster et du Gange, qui ne sont pourtant pas infaillibles, et dont il nous est arrivé quelquefois de relever les erreurs. Du Gange et les bénédictins ne s'étaient pas appliqués à l'étude spéciale de la marine; ils pouvaient donc se tromper dans l'appréciation de certains faits: il est remarquable qu'ils se soient trompés si rarement. De mauvaises leçons de manuscrits les ont égarés, plus que leur propre jugement.

Une correspondance entretenue avec plusieurs savants de différents pays nous a procuré des renseignements très-utiles : nous sommes particulièrement redevable aux communications fréquentes de MM. Henri et de Saint-Mâlo, l'un ancien chirurgien de marine, archiviste de Toulon, après avoir été bibliothécaire de Perpignan, et auteur d'un savant ouvrage sur l'Egypte; l'autre, chercheur infatigable, qui demande aux archives du Roussillon les éléments d'une histoire du commerce maritime. M. Joseph Tastu, qui achève d'immenses travaux sur la langue catalane, n'a pas moins fait pour notre collection de mots catalans que les deux complaisants érudits dont nous venons d'écrire les noms.

Les marins étrangers se sont montrés aussi disposés que les savants à favoriser nos études. Au Pirée, où l'on mit gracieusement à notre disposition la corvette Amâlia, nous trouvâmes, en 1841, cinq officiers de la marine militaire grecque qui voulurent bien faire avec nous, sur le pont de ce navire, une double nomenclature des termes employés dans la marine de l'Archipel. Sous la dictée de ces officiers, dont le commandant était le bon et brave Papanicolis, célèbre comme brûlotier dans la guerre de l'indépendance, nous recueillîmes tous les mots nommant les cordages que nous touchions et les parties du navire que nous désignions : mots des dialectes vulgaires et la plupart corrompus de l'italien, mots de l'idiome hellénique, empruntés à la langue d'Homère par une commission d'érudits et de marins, qui, justement orgueilleux du passé maritime de leur patrie, veulent, au moyen du vocabulaire, en attendant mieux, renouer le fil de la tradition antique, depuis si longtemps rompu.

La nomenclature hellénique est destinée à remplacer un jour la nomenclature vulgaire; mais