Page:Jal - Glossaire nautique, 1848.djvu/22

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qui ont à peu près le même son. Enfin, complétant l'alphabet russe, nous plaçons à son rang, après le , 1'

, que suivent le

valaque, le

þ islandais et anglo-saxon, et le

Ð anglo-saxon, que nous aurions placé à côté du grec moderne, si nous ne nous étions pas imposé l'obligation de ne point intervertir l'ordre de chaque alphabet. Nous terminons par 1'

Æ danois et islandais, que l'islandais rejette après le þ.

Le classement dont nous venons d'exposer la logique soulèvera-t-il des objections sérieuses? Nous osons espérer qu'il trouvera grâce devant les hommes qui auront quelquefois été aux prises avec des difficultés semblables à celles dont nous ne nous flattons pas d'avoir complètement triomphé, mais pour lesquelles nous avons arrangé une solution que nous croyons acceptable.

On dira peut-être – on nous l'a déjà dit – qu'il eût été beaucoup plus simple, puisque le Glossaire nautique est français par son point de départ, de classer dans l'alphabet français, au risque de leur faire subir une certaine contrainte, tous les caractères étrangers à côté des caractères analogues par le son, qui s'y peuvent trouver. Nous avons craint, en suivant ce système, de créer la confusion, loin d'établir l'ordre et la clarté. Nous étions d'ailleurs, à ce grand répertoire de mots de toutes les langues, un avantage qui nous a semblé très-apprécié par les étrangers que nous avons pu consulter : celui d'être, pour le Grec, le Russe ou le Suédois, aussi bien que pour le Français, l'Italien ou l'Anglais, un dictionnaire dans lequel chacun pourra chercher comme dans le dictionnaire de sa langue maternelle.

Voyons ce qu'aurait produit le classement des caractères étrangers sous l'alphabet français.

Le B (vita grec moderne, viedi russe), sonnant pour l'ordinaire ve ou vé, aurait dû être rejeté au V. Mais, dans le russe, il a le son accidentel de l'F; il aurait donc fallu le placer aussi à l'F, qui lui-même aurait reçu le Ø (phi grec, ferte russe), et aussi le (fita russe). Ainsi le B, le V, l'F, le et le Ø n'auraient formé qu'une seule division, classée au V ou à l'F; mais auquel des deux? Et ce n'est pas tout. Le V allemand aurait dû prendre place dans l'F, tandis que le W allemand serait allé chercher de son côté le B (yita\ qu'il aurait rencontré fourvoyé dans l'F. De telle sorte que le Vet le W allemands n'auraient plus fait qu'une même lettre! Assurément un Allemand et un Russe auraient été bien embarrassés pour se reconnaître dans ce chaos, que n'auraient guère éclairci les avertissements et les renvois.

Autres exemples. L'espagnol rejette le CH à la fin du C; le celto-breton le met après l'H, avec et avant le C'H, qui a un son fortement aspiré. Dans le système qu'on nous a opposé, il aurait fallu ranger les ch et le c'h au C, après le cg, avec le (che) russe et valaque, le (chiche) russe et l'S hongrois, qui sonne che. Par suite, il aurait fallu fondre aussi, dans le C, le (tché) russe et valaque, parce que le CS hongrois sonne tche. Mais, rigoureusement, aurait dû descendre au T français, et emmener avec lui le CS hongrois et le CZ qui sonne Ice; il aurait rencontré là le russe et valaque, très-étonné sans doute de se trouver côte à côte avec le T (tverdo] russe.

Le GY du hongrois aurait figuré au milieu du D, parce qu'il se prononce à peu près di; le NYde la même langue aurait passé au G, parce qu'il sonne comme le gne français; et le ZS aurait remonté au J, confondu avec le russe et valaque. Le valaque, qui clôt l'alphabet rouman, aurait dû aller retrouver le GY dans le D, car il sonne dje. Quant aux lettres russes , elles