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L’ÉCOLE DES MARIAGES

Parce que vous comprenez, je n’ai jamais joui de la première…

Que Mme Laxague, à son âge, voulût se mettre à chanter, cela dépassait vraiment les bornes ; des sourires discrets effleurèrent les bouches. Claire haussa les épaules, comme pour se dégager du ridicule où sombrait sa mère, qui ne se taisait plus et affirmait la véhémence de ses désirs, en frappant sur son genou, avec un éventail fermé.

Mme Malval et ses amis redescendirent au jardin pour jouir des dernières lueurs du jour, qui se mourait de langueur.

Des lances vibrantes de soleil perçaient en frémissant le cœur des feuilles gonflées, gaufrées et tordues, langues de cuir mordoré, avec lesquelles l’année déclinante reliait le livre fini de l’Été.

Depuis son arrivée, Edmée Diamanty se montrait si visiblement triste et soucieuse que tout le monde l’avait remarqué. Et quelques-unes de ces dames s’interrogeaient à l’écart sur les causes probables de cet état dont ne la sortaient ni les bouffonneries de Malval, ni les rires d’Isaure, ni les affirmations burlesques de Mme Laxague.

Profitant d’un moment où son amie s’éloignait du groupe, Edmée courut rattraper Isaure et lui murmura d’accaparer Mlle de Norfalk, pour qu’elle pût échanger quelques mots avec René.

Mlle Malval prit despotiquement, par le bras, l’institutrice, qui n’osa point lui résister, et la ramena dans le salon, sous le prétexte de lui demander quelques conseils sur une broderie, Mlle de Norfalk ayant la réputation d’être une brodeuse émérite.