Léonard Mittre, personnage assez grotesque, au demeurant, poète vaniteux et maniéré, petit, grêle, prétentieux, coiffé de longs cheveux plats.
La conversation, çà et là, se divisait en apartés. M. Mittre posait à Mme Gimpel des questions volontairement absurdes, pour soutenir sa réputation d’original. Les assiettes de petits fours se vidaient. Isaure fit une nouvelle distribution de thé. Delville la suivit, le sucrier à la main.
Mme Laxague y enfonçait, pour la troisième fois, ses doigts crochus, quand Mme Malval l’interrogea sur le prix de la pension où elle mangeait.
Mme Laxague, qui possédait un bel et vaste appartement en ville, prenait ses repas dans un hôtel meublé, spécialement occupé par des étudiants, des officiers en retraite et d’autres vieux célibataires. Elle espérait ainsi trouver un époux pour sa fille et pour elle-même, et quelque temps qu’il fît, ces dames quittaient la tiédeur et le confort de leur demeure pour s’en aller, dans une salle vulgaire où fumaient et criaient dix jeunes gens et quelques vieillards, réduire à néant des plats cuisinés à la hâte.
Mme Laxague déclarait :
— Il y a un professeur de chant qui vient de s’installer à la pension, avec nous… Oui. J’ai chanté devant lui pour lui montrer ma voix… Il m’a trouvé un contralto superbe… Oui. Et je vais maintenant prendre des leçons avec lui… Après tout, je ne suis pas si vieille que ça, et je ne veux pas encore m’enterrer. Je veux me marier, chanter, danser, aller dans le monde, au théâtre, m’amuser, quoi… Il me faut une seconde jeunesse… oui…