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L’ÉCOLE DES MARIAGES

— Au revoir, Isaure, vous m’excuserez auprès de votre mère, vous lui direz…

— Oui, oui, filez vite !

La porte se ferma. Edmée, en signe de joie, dansait autour de son amie. Une malice d’écolières puériles, enchantées d’avoir trompé leur maîtresse, perçait à travers leur récente gravité de jeunes filles, qui jouent à être de grandes personnes raisonnables, comme elles jouaient à la poupée.

Mlle de Norfalk parut, à l’entrée du bosquet, inflexible et sévère comme une règle de syntaxe.

— Vous êtes ici, Edmée ?

L’air ingénu et un peu sournois de Mlle Diamanty ne lui disait rien de bon, ni le ton placide avec lequel elle répliquait : « Mais oui, mademoiselle. »

— Toute seule, insista la vieille fille.

— Toute seule mademoiselle, j’adore ça, et vous savez mieux que personne que je ne peux pas arriver à être seule, une heure par jour…

L’épigramme blessa Mlle de Norfalk, qui répliqua, trait pour trait :

— Je croyais que M. Delville était ici…

M. Delville ? Mais non. Il y a longtemps qu’il est parti… Depuis que vous être rentrée avec Isaure…

Les trois femmes remontèrent vers la villa. Mlle Diamanty et sa compagne prirent congé des Malval. À la porte, Edmée dit à Isaure :

— Oh ! je t’en prie, ne raconte pas à André que je suis venue aujourd’hui… Il serait furieux contre moi… C’est ta mère qui m’a priée de ne pas aller lui dire bonjour, pour ne pas le fatiguer. Les visites