Page:Jaloux - L'école des mariages, 1906.djvu/35

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
35
L’ÉCOLE DES MARIAGES

ce parti ne me convient pas… pour des raisons… pour des raisons… que je lui donnerai.

En vérité, il les cherchait, perplexe. Et il songeait avec inquiétude que la partie la plus pénible de l’opération restait à faire.

René n’osait plus rien dire. Une désolation infinie s’était abattue sur son âme C’était toute sa vie qui s’en allait à vau-l’eau, tout son pauvre rêve de bonheur, de paix et d’amour. Débâcle complète ! Il avait beau tourner la tête autour de lui, il ne voyait rien où se raccrocher. Comme elle était vite venue, la tourmente, sur ses espérances aussi fragiles et délicates que la nacre légère des amandiers en fleur ! Un avenir sombre s’ouvrait devant la surprise endolorie du jeune homme, et une grosse boule de plomb montait et descendait dans son gosier, lui écrasant la luette et les amygdales. Il aurait voulu la ravaler ou la cracher comme de la salive, il ne pouvait pas, et cela l’étouffait.

Ses traits amollis par une douleur contre laquelle il ne luttait pas, ses yeux mornes, ses épaules tassées apitoyèrent M. Diamanty, qui reprit très doucement :

— Croyez bien, jeune homme, que c’est avec une véritable… peine que j’ai cru devoir vous annoncer… tout ceci. Ce n’est certes pas de gaieté de cœur que j’interromps votre idylle… Je sais que ma fille vous est attachée, hélas ! et je suis inquiet, à vous dire vrai, de la manière dont elle prendra ma décision… Hélas ! cher monsieur, nous devons tous nous résigner. Vous êtes comme Edmée et moi-même la victime d’une fatalité meurtrière et… inexorable !

René se leva. Cette pénible entrevue n’avait que trop duré. M. Diamanty lui tendit la main. Ce simple