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L’ÉCOLE des MARIAGES


I


— Cet imbécile de René ne viendra donc pas aujourd’hui ! s’écria Roger Malval, qui fumait une cigarette, étendu nonchalamment au fond du salon dont les trois hautes fenêtres s’ouvraient sur la promenade du Prado.

Appuyée contre le piano, Isaure rangeait de vieux cahiers de musique. Des pages déchirées et jaunies s’échappaient d’eux à tout moment, et, coupant l’air d’un vol oblique, s’abattaient en glissant sur le tapis.

Elle se mit à rire :

— Il doit être en train d’attendre Edmée au pied d’un platane. Tu les verras paraître ensemble tous les deux, et René s’empressera de nous dire qu’il a rencontré Mlle Diamanty, par hasard, tout à fait par hasard…

Et comme Isaure et Roger se souriaient avec cette complicité inconvenante et délicieuse que l’on éprouve à faire allusion à quelque chose, devant un auditeur qui l’ignore, Mme Féline, leur sœur aînée, tourna vers eux sa figure laide et agréable, dont les yeux clairs exprimaient un étonnement sans