avec un gendre, ce serait tout différent. Un gendre exigerait sans doute le capital… Bref, voilà pourquoi M. Diamanty ne veut pas marier Edmée ! Hein ! c’est du propre, n’est-ce pas ? C’est à ces basses considérations d’intérêt personnel, à ces calculs honteux que cet honnête homme sacrifie le bonheur de sa fille, et le mien, par-dessus le marché… Ah ! mais ça ne se passera pas comme ça !
— Non, dit Sunhary, qui ricanait, et qu’est-ce que tu feras ?
— Ce que je ferai, j’épouserai Edmée, malgré tout…
— Malgré tout ! Je reconnais bien là ta vaillance et ton énergie habituelles. Et comment feras-tu ?
— Je ne sais pas encore. Mais Mme Guitton me l’a promis. Elle m’a dit que je peux être tranquille, que j’épouserai Edmée, qu’elle en fait son affaire.
— Elle t’a dit ça ? s’écria Sunhary en se levant et en venant se camper devant Delville, les mains enfoncées dans ses poches.
— En propres termes… Ça a l’air de t’étonner ?
Mais Sunhary ne répondit pas. Son regard semblait plus éteint encore que de coutume. Que cherchait-il ainsi en lui-même ? Des barres d’attention se croisaient à la naissance de ses sourcils, comme un grillage, pour enfermer ses réflexions et les passer au crible avant de les laisser échapper.
— Es-tu bien sûr, demanda-t-il enfin, que la raison invoquée par Mme Guitton soit exacte ?
Cette question, Delville ne se l’était pas posée. Il regarda son ami avec un certain ahurissement.
— Quelle idée ! Pourquoi veux-tu que Mme Guitton me trompe ?