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EDMOND JALOUX

— Sans vouloir te mettre dedans, elle peut se tromper elle-même, accorder trop de foi à un simple potin… Il est assez bizarre que M. Diamanty se conduisît ainsi. Il est fort peu croyable qu’il refuse de marier sa fille pour ne pas déranger des capitaux, d’ailleurs peu considérables, puisqu’on prétend qu’Edmée n’est pas un beau parti. Et puis, il serait si facile de tout arranger ! Tu n’aurais qu’à promettre à M. Diamanty de ne pas déplacer la dot de ta femme. Tu es assez riche pour t’en passer.

René hocha la tête.

— Mais songe bien, mon cher, que M. Diamanty n’a jamais avoué et n’avouera jamais le véritable motif de son refus. Il n’est pas possible de lui en parler. Il restera buté dans son entêtement.

Cet argument avait une certaine valeur, mais Sunhary n’en continua pas moins à demeurer fort soucieux, suivant une idée qui l’absorbait et dont la singulière naissance inattendue légitimait ses inquiétudes.

— Pourquoi diable Mme Guitton protège-t-elle ainsi ton mariage ?

René se fâcha ; amusante colère de mouton révolté.

— Tu es absurde avec tes soupçons perpétuels et ta rage de chercher midi à quatorze heures. Mme Guitton me protège, comme tu dis, parce qu’elle a de l’amitié pour moi, parce qu’elle a beaucoup aimé maman, parce qu’elle affectionne Edmée et parce que le vieux Diamanty lui répugne. C’est simple.

Sunhary ricanait :

— Non, ce n’est pas simple. C’est simple pour toi, bonne âme, mais non pour moi, qui aime à savoir le pourquoi des choses. Tu t’imagines que