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EDMOND JALOUX

sans forfanterie, et la preuve, c’est que j’épouserai Edmée… Mais il m’est bien permis, je pense, de réfléchir un peu avant d’engager ma vie.

— Qui te force à l’engager ainsi ?

— Personne que moi-même… D’ailleurs, ajouta-t-il, je n’ai rien à craindre. Mme Guitton ne veut compromettre nullement sa responsabilité, elle prendra toutes ses précautions, et elle ne m’aidera que si elle peut le faire sans danger pour Edmée. Si elle me conseille ce mariage, ce sera donc en toute sécurité.

— Comment cela ?

René prit un air de sérieuse importance pour répondre :

— Elle va consulter ces jours-ci un médecin de grand talent et qu’elle connaît assez pour lui demander ce service. Elle lui expliquera le cas, il examinera Edmée, et nous saurons alors si M. Diamanty nous a dit la vérité. — Oh ! insista-t-il, devant un geste de Sunhary, Edmée n’en saura rien ! Le médecin déjeunera avec elle chez Mme Guitton. Il n’aura pas besoin de l’ausculter ; sa manière de manger, de respirer, son teint, son air, la forme de ses ongles, le son de sa voix, tout cela le renseignera suffisamment. Averti de l’hérédité, il sera d’autant plus perspicace, et s’il y a la moindre inquiétude à avoir, il nous en avertira…

— Et quel est l’Esculape invité à cet examen ? demanda Georges, soupçonneux.

— Le docteur Boucanier.

Sunhary éclata d’un rire strident et prolongé :

— Ah ! Ah ! Je l’aurais parié ! Ça complète l’affaire. Ah ! Ah ! c’est Boucanier. Ça ne m’étonne pas !