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LE RESTE EST SILENCE…

Bien souvent depuis, quand j’ai été trop triste ou que, trop heureux, j’ai eu peur de perdre mon bonheur, j’ai accueilli de mêmes réflexions. Mais elles me visitent de moins en moins : je commence à croire que je suis vraiment ce Léon Meissirel, qui, assis aujourd’hui devant une petite table branlante, évoque son enfance, et que je ne me réveillerai jamais de ce rêve-ci, que de l’autre côté de la vie… si je me réveille !

Ma mère m’appela. Elle était debout au milieu de sa chambre et mettait dans un grand sac de voyage des objets disparates. Il y avait là pêle-mêle du linge, des peignes, des bas, un vaporisateur, des paquets de lettres, toutes mes photographies et un seul bijou, un beau bracelet d’or qui lui venait de sa tante Beleoudy.

Maman était dans une exaltation excessive :

— Tu vois que je n’emporte pas un seul objet à lui, rien de ce qu’il m’a donné… J’ai laissé toutes mes bagues… Elles sont là, sur la cheminée…