Page:Jaloux - Le reste est silence, 1910.djvu/225

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de vices. Toutes celles que j’avais abandonnées venaient me poursuivre ici. Ma demeure en était hantée. J’ai lutté contre elles jusqu’au jour où je vous ai rencontrée, où il n’y a plus eu en moi que vous-même, où votre lumière radieuse et pure a chassé les ombres qui m’étouffaient peu à peu…

Il reprenait plus bas, cependant que les bûches s’écroulaient en projetant un geyser d’étincelles, entre les landiers immenses :

— Et cependant, je dois vous l’avouer, quelques-unes de ces figures m’avaient été bien chères ! Mais je ne le leur ai jamais dit. Que de sentiments sont nés et sont morts en moi sans que j’aie voulu leur donner une forme extérieure ! Je savais trop bien que chaque abandon serait payé d’une trahison, que tout ce que je livrerais de moi-même se retournerait contre moi, que l’on se servirait de la connaissance que j’aurais donnée de ma nature intime pour y porter la blessure dangereuse, celle que l’indifférent ne fait jamais, parce qu’il ignore la place sensible. Et puis, ne pas être compris est encore