Page:Jaloux - Le reste est silence, 1910.djvu/247

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J’ai voulu me dresser au milieu comme une colonne isolée et grandiose, qui domine tout, sans se mêler à rien, et vous êtes venue à la manière d’une tige, mon enfant, épanouir au sommet votre jolie corolle fraîche qui rend la colonne plus belle et plus pure, mais moins marmoréenne, et vous versez sur elle tous les parfums délicieux et légers de votre charmant cœur.

Et May regardait avec stupeur cet homme étrange. Il se levait, l’embrassait tendrement et la montait dans leur chambre à coucher.

Le matin les retrouvait aux bras l’un de l’autre, mêlant leurs corps et leurs haleines, ayant l’illusion de s’appartenir pleinement et pour toujours, parce qu’ils étaient seuls tous deux, et que l’homme a besoin, quelque fort qu’il s’imagine être, de se créer un absolu et un définitif par horreur du provisoire et de l’éphémère, qui sont sa véritable condition.


Cependant, il y avait encore des heures où lord Cornwallis recherchait sa chère so-