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Page:Jaloux - Le reste est silence, 1910.djvu/248

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litude. Il laissait May occupée à quelque menu ouvrage, car elle était fort laborieuse, et il s’enfermait dans sa chambre, ou bien, il allait rôder le long de la galerie de glaces ou dans le petit jardin à la française, entre les buis taillés et le bassin rond où dansait le jet d’eau. Et, à mesure, cette vieille habitude redevint un tel besoin qu’à tout moment Herbert désirait être seul. Pendant une causerie, sa figure s’assombrissait tout-à-coup, il se taisait, et soudain, se levant, il saluait sa maîtresse et lui disait :

— Je vous laisse un moment, May, j’ai à réfléchir…

Et, tête basse, il s’en allait. Cela le prenait même la nuit. Il quittait silencieusement le vaste lit où reposait la jeune femme, allumait un candélabre et descendait l’escalier de marbre. Il gagnait sans bruit le salon que séparait à demi une grille en bois des Îles et s’étendait sur un divan turc, au fond de la sorte de confessionnal que cette cloison formait. Une lampe rouge de sanctuaire permettait à peine d’y voir. En haut, s’ouvraient les arceaux bleuâtres de la galerie qui sur-