Page:Jaloux - Le reste est silence, 1910.djvu/259

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sur les épaules, je vous en conjure, pardonnez-moi…

— Pourquoi avez-vous fait… cela ? dit-il avec dégoût, avec mépris, cette… bassesse ?

— Ah ! je ne sais pas, s’écria-t-elle en redoublant de larmes, je ne sais pas, Dieu m’est témoin que je ne sais pas… Je ne voulais pas cependant, cet homme me poursuivait, me harcelait. J’ignore pourquoi j’ai cédé… Je savais bien qu’il m’arriverait malheur ! J’ai eu une sorte de vertige… Ah ! comprenez-moi, cet homme était tout puissant sur moi, il est de ma race, il est pareil à moi… Il me parlait comme il fallait le faire… Ah ! je vous aime pourtant, j’aurais donné ma vie pour vous. Si vous me tuiez, j’embrasserais avec respect, avec amour, la main qui me donnerait la mort, et, cependant, vous étiez trop haut, trop grand pour moi, vos paroles m’épouvantaient… Je ne les comprenais pas, elles étaient obscures et si étranges, si belles ! je n’en pouvais plus, j’étouffais… oui, ce que je vais dire est absurde, ça n’a pas de sens, mais il me semblait que l’air allait me manquer… Com-