Page:Jaloux - Le reste est silence, 1910.djvu/264

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non, rien… Je vous efface. Vous n’existez plus pour moi… Mais je ne saurais souffrir, qu’ayant vécu près de moi, vous retombiez dans la basse domesticité qui m’entoure. Je ne vous retiens plus…

Elle eut un cri d’épouvante et de désespoir.

— Vous me chassez !

— Je ne vous retiens plus, dit-il encore, en jouant avec une de ses breloques. Bien entendu, tout ce que je vous ai donné vous appartient ; emportez robes, manteaux et bijoux ; je donnerai des ordres pour que l’on transporte tout cela où vous voudrez… Il y aura toujours pour vous de l’argent dans une banque de Londres…

May se redressa et, dans un élan furieux, elle dévisagea son amant :

— Je ne veux rien, dit-elle, sombrement. Vous me chassez, c’est votre droit. Je ne veux pas que vous puissiez me soupçonner d’avoir été intéressée en vous aimant ; je vous ai trop aimé pour vous laisser le droit de penser cela de moi. Non, je n’emporterai rien de ce que vous m’avez donné…