Page:Jaloux - Le reste est silence, 1910.djvu/265

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Cependant, si vous voulez m’offrir quelque chose, laissez-moi emporter un souvenir de vous… Abandonnez-moi cette miniature sur laquelle vous êtes peint et qui est dans notre chambre. — Je ne vous demande que cela, et je m’en irai ensuite dans la robe trouée avec laquelle je suis venue.

Cornwallis fit un geste de dédain. Quoi ! un portrait de lui demeurerait dans les mains de cette fille, de cette traîneuse de haillons qu’il avait recueillie par charité et qui l’avait trompé avec un laquais ! Ah ! que ces phrases qu’il disait en lui-même correspondaient peu à ses véritables sentiments !

Il courba misérablement la tête :

— Emportez-la, dit-il, elle est à vous !

Ce fut en pleurant pour le remercier que la petite May se jeta aux pieds de Cornwallis et lui baisa la main.


Quand le soir descendit, la petite May repartit comme elle était venue. Un châle noir cachait l’or de ses cheveux, elle avait sa robe trouée, et ses pieds, qui avaient connu le moelleux des fourrures et la dou-