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LE RESTE EST SILENCE…

heure, maman et moi ; elle me menait faire un tour pour que je prisse l’air, puis je rentrais, et ma mère allait où bon lui semblait. Je restais délicieusement seul à jouer avec mes soldats, ou à lire les romans de la Bibliothèque rose, sous la surveillance de notre bonne Élise, qui, par rancune d’un mariage manqué, était très dévouée à maman. J’avais alors toute latitude pour m’amuser à mon aise, pendant des heures, en parlant à mi-voix, ce qui constituait ma plus chère distraction.

— Oui, reprit mon père, après un moment de silence, quand tu seras un peu plus grand, comme ta mère ne sait pas le latin et qu’il faut que tu le commences bientôt, un prêtre viendra t’en donner, à la maison, les premiers rudiments… Comme ça, tu ne seras pas toujours collé dans des jupes… Et ta mère, en assistant aux leçons, pourra l’apprendre aussi, ce qui lui permettra de continuer à t’aider, quand tu seras au collège…

C’était un beau projet et qui devait offrir à maman une bien grande source de joies