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LE RESTE EST SILENCE…

futures ! Je ne sais trop ce qu’elle aurait dit, si mon père le lui avait alors annoncé, mais des événements surgirent qui l’empêchèrent d’en être informée, car ces rêves majestueux ne se réalisèrent point.

Cependant nous arrivions sur la grande place nue au bout de laquelle habitait ma tante Trémelat. Des arbres, rangés sur les côtés, laissaient vide, au milieu, un espace immense. Une baraque de guignol, avec son enceinte de bois, se dressait entre deux troncs grisâtres et ocellés de jaune.

Papa sonna au seuil d’une petite maison de trois fenêtres dont la porte était étroite et brune. La bonne vint nous ouvrir. Le corridor était obscur : on n’allumait la lampe que très tard, car ma tante était fort économe, et l’économie de ma tante était un des grands griefs de papa contre sa femme.

— Madame y est, oui, monsieur Joseph… Monsieur, lui, est sorti avec les cousins de M. Léon.

Je poussai un soupir de soulagement. Jean, Victor, Placide et Fortuné, ces abo-