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Page:Jaloux - Le reste est silence, 1910.djvu/41

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LE RESTE EST SILENCE…

derrière elles, en se déplaçant. Entre les coulées massives des maisons, dans la direction du Port, des voiles de brouillard augmentaient lentement, sans cesse accrus par eux-mêmes, ayant la couleur et l’onctuosité du lait, portant aux flancs comme des plaies d’or la déchirure des becs de gaz que l’on allumait.

Le bureau de mon père se trouvait au bord d’un canal dormant, dont l’eau avait une sorte de pesanteur verte, dans un îlot de maisons retiré et silencieux, bien qu’il fût au fond du quartier le plus populeux et le plus bruyant.

Des barriques étaient rangées, au long du quai, les unes couchées, les autres droites et toutes laquées d’or par la lumière déclinante. Sur l’onde visqueuse et trouble, de larges moires bronzées se dilataient et se resserraient en mesure, selon un rythme régulier et dansant. Des barques, mollement, se balançaient. Quelques-unes avaient des mâts croisés. Vieilles ou neuves, rongées par les flots marins ou vernissées, horizontalement rayées de noir, de rouge,