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IV


Le soir, quand ma mère rentrait, elle jouait longuement du piano. Moi, j’étais dans la salle à manger, à côté du petit salon, en train de disposer mes soldats de plomb sur la table. Ils venaient d’Allemagne dans des boîtes rondes, enveloppés de copeaux minces comme des cheveux. J’avais là sous la main toutes les armées du monde, ce qu’Alexandre, ni Napoléon n’ont jamais pu réaliser, et aussi des sapins, des troupeaux, des bergers. J’étais également le maître d’un village de carton, qu’il s’agissait d’attaquer et de défendre.

Peu avant, j’avais eu la rougeole. Pendant que je gardais le lit, ma mère, pour me