Page:Jaloux - Les sangsues, 1901.djvu/238

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il est indigne de continuer ainsi, permettez-moi de vous le dire…

— C’est ignoble, ignoble, criait Serpieri, en frappant son pupitre avec le poing, sans que l’on puisse comprendre à qui et à quoi s’appliquait cette épithète.

L’intervention de Bermès rétablit le calme. Les deux adversaires se turent, Mathenot, par respect pour son maître, Augulanty, parce qu’il était terrifié des sous-entendus de l’abbé. Il fut convenu, d’après l’opinion de M. Bermès, que l’on ferait encore les classes de l’après-midi et que l’on aviserait, le lendemain, aux dispositions à prendre.

Mais, en sortant de la salle, l’abbé Mathenot rencontra Mme Pioutte au seuil de l’escalier et l’apostropha vivement :

— Avez-vous songé, madame, qu’il faut envoyer chercher le directeur de M. Barbaroux ?

— J’y ai pensé, monsieur, mais je me suis bien gardée de le faire, car il faut éviter à mon frère toute émotion, et une nouvelle attaque l’emporterait.

— Votre frère n’aurait eu aucune émotion, il est trop chrétien pour…

— Quelque chrétien que l’on soit, on n’est jamais bien aise de mourir.

Ils se disputaient près de la porte, avec des regards méchants. Mathenot, dans l’emportement d’une nouvelle colère, s’écria :

— Ce n’est pas agir en bonne chrétienne…

— Mais c’est agir en bonne sœur… D’ailleurs, ajouta Mme Pioutte, mon frère n’a aucune connaissance, il ne peut pas parler, comment se confesserait-il ? S’il allait plus mal, vous seriez toujours là pour lui donner l’absolution.

Mathenot se rendit à ces raisons et alla retrouver ses élèves, qui avaient organisé une partie de barres dans leur classe.

Vers trois heures, l’abbé Barbaroux parut revenir quelque peu à lui. Il tordit sa bouche et agita ses lèvres d’où coulait continuellement un mince filet de salive. Rosita, qui le gardait, en lisant un journal illustré, se