Page:James - Le Tour d’écrou (trad. Le Corbeiller), 1968.djvu/18

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dont les parents étaient morts aux Indes. Leur père, son frère cadet, avait embrassé la carrière militaire. Il était mort deux ans auparavant.

Ces enfants, qui lui tombaient sur les bras par le plus grand hasard, étaient un pesant fardeau pour un homme dans sa situation, sans aucune expérience en la matière et pas pour un sou de patience. Ç’avait été une série d’ennuis, et certainement, de sa part, une suite d’erreurs. Mais les pauvres mioches lui inspiraient une immense pitié et il faisait pour eux tout ce qu’il pouvait. Par exemple, il les avait envoyés dans son autre demeure, la campagne étant évidemment ce qui leur convenait le mieux, et les avait confiés, dès le début, au personnel le plus qualifié, le meilleur qu’il avait pu trouver, allant jusqu’à se séparer, à leur profit, de ses propres serviteurs, et se rendant auprès d’eux aussi souvent que possible voir comment allaient les choses. Le gros ennui était que, pratiquement parlant, ils n’avaient pas d’autre parent que lui, et ses propres affaires lui prenaient tout son temps. Il les avait installés à Bly, dont la sécurité et la salubrité étaient indiscutables, Ils y étaient comme chez eux ; pour diriger leur intérieur (mais seulement au point de vue matériel), il y avait placé une excellente femme, Mrs. Grose, ancienne femme de chambre de sa mère, qui plairait certainement à sa jeune visiteuse. Elle servait de femme de charge et remplissait pour le moment le rôle d’une espèce de gouvernance auprès de la petite fille, à laquelle, fort heureusement, elle était extrêmement attachée, n’ayant pas d’enfants à elle. Le personnel était nombreux ; mais, bien entendu, la jeune personne qu’il enverrait en qualité d’institutrice aurait la haute main sur tout ce monde. Pendant les vacances elle aurait aussi à surveiller le petit garçon, qui était au collège depuis un trimestre — bien que très jeune. Mais qu’y avait-il de mieux à faire, Les vacances étant près de commencer, il devait arriver d’un moment à l’autre.

Les enfants avaient eu tout d’abord auprès d’eux une