Page:James - Le Tour d’écrou (trad. Le Corbeiller), 1968.djvu/29

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III

Je m’en rendis bien compte quand, deux jours plus tard, nous allâmes, en voiture, à la rencontre du petit monsieur comme disait Mrs. Grose, et d’autant plus qu’un incident survenu le second soir, m’avait profondément déconcertée. Ce premier jour dans son ensemble, comme je l’ai dit, avait été rassurant. Mais je devais voir son ton changer. Le courrier de ce soir-là — qui arriva tard — apportait une lettre pour moi. Elle était écrite par mon patron, mais ne contenait que peu de mots, et en renfermait une autre adressée à lui-même, dont le cachet n’était pas rompu. « Je reconnais ceci comme venant du directeur du collège, et ce directeur est un horrible raseur. Veuillez en prendre connaissance, traitez la question avec lui, et, par-dessus tout, ne m’en parlez pas. Pas un mot. Je pars ! »

Il me fallut faire un grand effort pour briser le cachet : un tel effort, que je fus longtemps avant de me décider. Enfin j’emportai la lettre, toujours cachetée, dans ma chambre, et ne l’attaquai que juste avant de me coucher. J’aurais mieux fait d’attendre jusqu’au lendemain, car elle me procura une seconde nuit sans sommeil. N’ayant personne à qui demander avis, je me sentais fort anxieuse, le jour suivant, et, finalement, mon anxiété s’accrut à un tel point, que je me décidai à me confier au moins à Mrs. Grose.