Page:James - Le Tour d’écrou (trad. Le Corbeiller), 1968.djvu/53

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— Et, tout à l’heure, là où nous sommes. »

Mrs. Grose regarda de nouveau autour d’elle.

« Que faisait-il sur la tour ?

— Rien que s’y tenir et me regarder en bas. »

Elle réfléchit un instant.

« Est-ce un gentleman ? »

Je n’eus pas besoin de réfléchir, ce me semble.

« Oh ! non. »

Elle me considérait avec une stupeur croissante.

« Alors… ce n’est pas non plus personne de la maison ?… personne du village ?

— Personne… personne… Je ne vous en ai pas parlé, mais je m’en suis assurée. »

Elle respira, vaguement soulagée. Chose singulière, cela valait donc mieux ? Guère mieux, pourtant…

« S’il n’est pas un gentleman…

— Ce qu’il est ? Une abomination !

— Une abomination ?

— Il est… Dieu me pardonne si je sais ce qu’il est ! »

Et une fois de plus, Mrs. Grose regarda autour d’elle : elle fixa les yeux sur les lointains qui s’obscurcissaient, puis, revenant à elle, se tourna vers moi, avec une totale inconséquence.

« Il est temps d’aller à l’église !

— Oh ! je suis incapable d’aller à l’église !

— Cela ne vous fera-t-il pas du bien ?

— Cela ne « leur »en fera pas. Et d’un signe de tête, j’indiquai la maison.

— Aux enfants !

— Je ne puis les quitter maintenant.

— Vous avez peur ? »

Je répondis hardiment : « J’ai peur de lui. »

Sur le large visage de Mrs. Grose apparut, pour la première fois, la lointaine et faible lueur d’une intelligence qui s’éveillait ; il en surgit, pour moi-même, comme l’aube retardée d’une idée qui ne lui venait pas de moi, et qui, d’ailleurs, me demeurait encore tout obscure.